Russie

Attentat de Moscou : encore sous le choc, les Russes ont afflué pour donner leur sang aux blessés

Dès l'aube ce 23 mars, au lendemain de l'attaque terroriste contre la salle de concert du Crocus City Hall qui a fait 133 morts dans la région de Moscou, des centaines de Russes ont afflué vers des centres de dons de sang de la capitale. A la mi-journée, les autorités médicales ont annoncé avoir suffisamment de sang pour la centaine de blessés.

Sous un ciel gris et malgré la pluie, ils étaient environ 150 à attendre leur tour en pleine rue devant un centre spécialisé dans le nord-ouest de Moscou. Ils sont venus en signe de solidarité et à l'appel des autorités, même si celles-ci ont dit ne pas manquer de sang dans l'immédiat. «Je suis venue pour aider», résume Alexandra, spécialiste en logistique aérienne âgée de 35 ans, qui estime que c'est «le devoir de chaque citoyen».

Résidant non loin de la salle de concert Crocus City Hall, en proche banlieue de la capitale,  attaquée le 22 mars au soir par des hommes armés, cette femme dit être toujours sous le «choc» de cet attentat. «Quand on peut voir depuis son balcon» les horreurs dont on parle à la télévision, «on comprend que c'est une réalité, et pour moi personnellement, c'est un cauchemar», confie-t-elle.

Le Service russe de sécurité (FSB) a annoncé ce 23 mars l'arrestation des quatre assaillants de cette attaque terroriste, la plus meurtrière dans le pays depuis une vingtaine d'années. Selon les enquêteurs, les assaillants ont ouvert le feu à l'arme automatique, avant d'incendier le bâtiment avec un liquide inflammable.

600 dons en une heure, annoncent les autorités médicales moscovites

«Quand on voit cette situation, on n'a pas envie de rester à l'écart, on a envie d'aider», explique à l'AFP Vladislav, étudiant de 18 ans qui fait la queue pour donner du sang. «Au cours de la première heure de fonctionnement des centres de transfusion de la région de Moscou, plus de 600 donneurs ont déjà donné du sang», a annoncé dans la matinée le ministère de la Santé de la région de Moscou.

À la mi-journée, les autorités médicales russes ont annoncé avoir «suffisamment de sang» pour la centaine de blessés suite à l'attaque. «Mais nous continuons de recevoir tous les donneurs. Nous sommes solidaires avec le souhait des gens qui viennent» d'aider à constituer des réserves, a déclaré une responsable de l'Agence fédérale médico-biologique russe, Olga Eïkhler, citée par l'agence de presse TASS. 

«À ce jour, plus de 4 000 Moscovites sont venus en aide aux victimes», a déclaré en début de soirée, sur Telegram, le ministère de la Santé de la région de Moscou.

Des scènes de recueillement à travers la Russie

Sur de nombreux panneaux publicitaires et dans certains arrêts de bus à Moscou, des affiches sont apparues montrant une bougie sur un fond noir et l'inscription : «Nous sommes en deuil 22/03/2024». Des Russes sont également venus déposer des fleurs devant le Crocus City Hall, dont le toit est noirci et partiellement détruit par les flammes de la veille. La police et les services spécialisés y étaient encore déployées, et des centaines de secouristes poursuivaient les travaux de déblayage des débris.

À Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie, les habitants ont déposé des fleurs dans plusieurs endroits de la ville, et une queue s'est formée devant le principal mémorial improvisé, devant la Bibliothèque nationale russe. L'ancienne capitale impériale avait été victime d'un attentat à la bombe dans le métro en 2017, qui avait fait 14 morts et 53 blessés.

À Ekaterinbourg, grande ville de l'Oural, un mémorial improvisé s'est formé sur la place centrale, près d'un monument à Lénine. Les habitants ont apporté des fleurs, des jouets, des bougies, beaucoup se sont attardés et sont restés en silence, certains ont pleuré, a constaté un journaliste de l'AFP.

À Lougansk, dans le Donbass, des habitants se sont également recueillis et ont déposé des fleurs devant un mémorial improvisé comme on peut le voir sur des images de Ria Novosti.

Le 22 mars au soir, plusieurs hommes ont ouvert le feu dans la salle de concert du Crocus City Hall, situé à Krasnogorsk, à la périphérie ouest de la capitale russe. Un important incendie s’est déclaré dans la foulée, déclenché à l’aide d’un «liquide inflammable» selon les enquêteurs. Selon un nouveau bilan communiqué ce 23 mars par le Comité d’enquête, 133 personnes ont été tuées dans cet attentat.