Russie

«Comment en est-on arrivé là ?» De retour de Moscou, Tucker Carlson dénonce l'incompétence occidentale

Depuis Dubaï, Tucker Carlson est revenu sur son court séjour dans la capitale russe au cours duquel il a interviewé Vladimir Poutine. Le journaliste américain a souligné le degré de développement de Moscou, contrastant avec la situation selon lui déplorable des grandes villes américaines, avant de dénoncer l'aveuglement politique de Washington.

Lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, le 12 février, où il était convié à commenter sa récente interview avec Vladimir Poutine, Tucker Carlson s'est montré sans concession sur sa perception des leaderships américain et russe.

«Je suis attristé quand je vois que le président n’a pas le contrôle de son esprit, et que dans mon pays c'est considéré comme très impoli de dire cela», a déclaré dans un premier temps le journaliste, concernant la situation aux États-Unis. «On se demande en quelque sorte comment on en est arrivé là, où vous avez un président incompétent qui a fait baisser non seulement le niveau de vie, mais également l’espérance de vie, et que personne ne se sent libre de dire cela», a-t-il poursuivi.

«Comment en est-on arrivé là ?»

Situation aux États-Unis que Tucker Carlson a comparé à celle en Russie, plus vaste pays au monde, «extrêmement diversifié linguistiquement, culturellement, religieusement». «C’est difficile de diriger un pays comme ça pendant 24 ans, que vous le vouliez ou non», a-t-il estimé. «Une personne incapable ne pourrait pas faire cela», a insisté le journaliste, qui a alors mis en avant son séjour dans la capitale russe, tout en répétant aimer son pays l'Amérique et ne pas être un partisan du président russe.

«Ce qui m’a frappé, choqué et beaucoup dérangé, c'est la ville de Moscou où je n’étais jamais allé. Elle est plus belle que n’importe quelle ville de mon pays. Je ne pouvais même pas l’imaginer», a-t-il confié à l’auditoire. «Mon père a passé beaucoup de temps là-bas dans les années 80 quand il travaillait pour le gouvernement américain et il y avait à peine de l’électricité. Aujourd’hui, elle est tellement plus propre, plus sûre et plus attractive sur le plan esthétique […] que n’importe quelle ville des États-Unis qu’on finit par se demander […] : comment en est-on arrivé là ?»

«C’est très dépaysant pour un Américain d’aller à Moscou[…] à Singapour, à Tokyo, à Dubaï et à Abou Dhabi, parce que ces villes – quelle que soit la manière dont on nous dit qu’elles sont dirigées et selon tels ou tels principes – ce sont des endroits où il fait bon vivre», a-t-il déclaré. Là encore, après avoir comparé à la situation américaine de grandes villes américaines, où «beaucoup de gens» ne prennent pas le métro à cause de l’insécurité.

New York et Paris, des villes devenues répugnantes

Une insécurité dont Tucker Carlson tient directement le gouvernement américain pour responsable. «Il s’agit d’un choix consenti», a-t-il déclaré, dressant un parallèle avec la politique économique du pays. «L’inflation est le résultat de choix faits principalement par la Banque centrale, pas exclusivement, mais aussi par les responsables politiques. C’est la même chose en ce qui concerne la criminalité», selon lui. «On peut très bien se passer de criminalité en fait, mes enfants ne fument pas de cannabis à table au petit-déjeuner. Pourquoi ? Parce que je ne les y autorise pas, c’est très simple», a-t-il poursuivi.

Le journaliste américain a alors évoqué le cas d’une autre de ses villes «préférées», Paris. Une ville qui, comme New York, est «crade», selon Tucker Carlson, qui pointe du doigt les graffitis que «personne ne nettoie». «Cela encourage d’autres personnes à faire comme eux. Et nos responsables politiques pour une raison ou une autre ne le remarquent pas», a-t-il argumenté.

«Poutine veut sortir de cette guerre»

Un aveuglement dont feraient également preuve les Occidentaux sur la crise ukrainienne. À ce titre, Tucker Carlson s’est montré particulièrement incisif sur leur attitude actuelle et passée vis-à-vis de Moscou. Interrogé sur son ressenti quant au fait que Vladimir Poutine pourrait rechercher un «compromis», il a clairement répondu par l’affirmative.

«Les dirigeants de tous les pays de la planète, à l’exception peut-être des États-Unis pendant la période unipolaire, sont contraints par la nature de leur travail de faire des compromis» a-t-il notamment déclaré, rappelant le refus des Occidentaux d’ouvrir les portes de l’OTAN à la Russie. «Le but de l’OTAN, à l’origine bien sûr, était d’empêcher les Soviétiques de venir en Europe occidentale» a-t-il rappelé, «donc si les Russes demandaient à rejoindre l’alliance, cela suggérerait que vous avez résolu le problème et que vous pouvez passer à autre chose de constructif dans votre vie, mais nous avons refusé». «Méditez là-dessus, allez vous asseoir dans un sauna pendant une heure et réfléchissez à ce que cela signifie», a insisté Tucker Carlson.

«Poutine veut sortir de cette guerre», a répété le journaliste, relancé sur la volonté du président russe de trouver une issue politique au conflit ukrainien. «Il n’a pas l’intention d’être plus enclin aux négociations au fur et à mesure que cela continue», a-t-il assuré, rappelant que les capacités industrielles russes avaient été sous-estimées par les Occidentaux. À mesure que le conflit perdure, la position de Vladimir Poutine «se durcit», a-t-il encore remarqué.

Les responsables américains enfantins ?

Le journaliste a notamment dénoncé l’État d’esprit des responsables politiques occidentaux, notamment à Washington, qui à ses yeux «ne passent pas de temps à réfléchir aux objectifs atteignables. J’ai entendu personnellement des responsables du gouvernement américain dire : "Nous allons simplement devoir rendre la Crimée à l’Ukraine." Il n’est pas besoin d’être un chercheur russe pour démontrer que cela ne se produira pas à moins d’une guerre nucléaire».

«Cela révèle que vous êtes un enfant, que vous ne comprenez absolument rien en la matière et que vous n’avez aucune compréhension réelle de ce qui est possible», a fustigé le journaliste.

Premier journaliste occidental à avoir tendu le micro à Vladimir Poutine en deux ans de conflit, Tucker Carlson s’est attiré les foudres de ses pairs dans les médias nord-américains et européens. Une démarche qu'il a justifié, auprès du public, par la nécessité d’informer ses compatriotes sur la perception des événements côté russe.