«Malheureusement, l'ennemi nous presse de toutes parts, il n'y a pas une seule partie de notre ville qui soit plus ou moins calme. Ils donnent l'assaut avec des forces très importantes», a indiqué le maire des autorités ukrainiennes à Avdeïevka, Vitaly Barabach, à la télévision ce 8 février.
Quelques jours plus tôt, il avait évoqué une situation «critique» dans certains quartiers, alors que l'armée russe avait redoublé d'efforts pour conquérir cette ville industrielle ravagée. Selon lui, les conditions météorologiques, boueuses, sur place ne permettent pas aux troupes russes d'utiliser leurs véhicules mais la situation reste «très chaude, très difficile». «Dans certaines directions c'est tout simplement irréel», a-t-il lancé.
Il a répertorié «50 tirs massifs d'obus» et plus de 30 bombardements aériens au cours des dernières 24 heures sur Avdeïevka, où demeurent 941 civils malgré les combats et les importantes destructions.
Le 6 février, Vitaly Barabach avait évoqué les premiers «combats de rue» dans cette cité industrielle.
«Avdeïevka est un verrou extrêmement important», selon Moreau
Selon la chaîne Rybar, proche de l'armée russe et suivie par plus de 1,1 million de personnes, les forces de Moscou avancent au nord et à l'est de la ville, se rapprochant des lignes d'approvisionnement des troupes ukrainiennes.
«Pour les Kiéviens, c’est un symbole : ils tiennent Avdeïevka depuis 2014, ils se sont barricadés dedans», observe ce 8 février à notre micro le géopolilogue Xavier Moreau, présentateur de l’émission L’échiquier du monde sur RT. Un symbole pour les Ukrainiens, mais une réalité très stratégique pour les Russes : «Avdeïevka est un verrou extrêmement important, qui peut libérer ce qu’on appelle l’espace opérationnel, ouvrant les possibilités d’offensive pour l’armée russe.»
Comme à Artiomovsk (Bakhmout), prise en mai 2023, qui était la deuxième ligne de défense ukrainiens, «les Ukrainiens se sont appuyés sur les grandes villes industrielles pour se défendre», explique Xavier Moreau. Un choix dont les conséquences peuvent être lourdes. «Le défaut de cette stratégie, c’est que toutes les lignes de défense convergent vers celle-ci», juge-t-il. Avant de poursuivre : «Si Avdeïevka tombe, la ligne de défense du Donbass tombe, le patelin suivant, Patrovsk, est à 30 kilomètres à l’ouest.»
Les forces russes sont passées à l’offensive depuis l’automne dans cette ville industrielle du Donbass, où les soldats ukrainiens sont retranchés dans des positions fortifiées. Il s'agit de l'un des points les plus chauds du front depuis l'échec de la contre-offensive estivale ukrainienne.