L'ambassadeur français Pierre Levy a été convoqué ce 19 janvier au ministère russe des Affaires étrangères. «Des preuves de l'implication croissante de Paris dans le conflit en Ukraine lui ont été présentées», selon la diplomatie russe.
Cette annonce intervient deux jours après que la Russie a affirmé avoir frappé, le 16 janvier au soir, un bâtiment dans lequel étaient déployés des mercenaires étrangers, notamment Français, à Kharkov, la deuxième ville d'Ukraine.
Paris a de son côté démenti le 18 janvier avoir des «mercenaires». «La France n'a pas de "mercenaires", ni en Ukraine ni ailleurs, contrairement à d'autres. Il s'agit d'une nouvelle manipulation grossière russe», a déclaré le ministère français des Affaires étrangères.
Des combattants français bien présents en Ukraine
Certains réseaux sont pourtant actifs dans l’Hexagone. «Il n’y a pas eu de Français tués» à Kharkov, avait pour sa part affirmé sur LCI le blogueur Xavier Tytelman, qui organise le financement des combattants français. Il assure avoir «contacté tous les Français» dans «cinq groupes […] de la zone».
Le géopolitologue Xavier Moreau, fondateur du think tank Stratpol et présentateur de l’émission «L’échiquier mondial» sur RT, estimait le 17 janvier au soir à «quelques dizaines», voire «une centaine», les combattants français, selon lui moins nombreux que les Anglo-Saxons ou les Polonais.
Les volontaires français avaient d’ailleurs été durement touchés en mars 2022, quelques semaines après le début de l’offensive russe en Ukraine. L’armée russe avait revendiqué avoir éliminé «jusqu'à 180 mercenaires étrangers» lors d’une frappe sur une base militaire ukrainienne à proximité de la frontière polonaise. «J'ai des copains qui sont morts», déclarait juste après cette frappe un Gardois en sanglots dans une vidéo reprise par France Télévisions. Le média public relatait alors le périple de ce «volontaire» venu avec deux autres Français en Ukraine afin de rejoindre la «légion internationale».
Paris livre de nouveaux armements à Kiev
Les accusations russes sont intervenues après l'annonce par le président Emmanuel Macron le 16 janvier que la France allait livrer à Kiev 40 missiles de croisière à longue portée Scalp supplémentaires, et signer un accord de sécurité avec l'Ukraine, comme l'a fait le Royaume-Uni.
Paris a en outre lancé le 18 janvier, avec les autres alliés de l'Ukraine, une coalition «artillerie» pour répondre aux besoins de Kiev dans ce domaine. Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé débloquer 50 millions d'euros pour fournir 12 canons automoteurs Caesar à l'Ukraine, et proposé à ses partenaires de financer pour Kiev 60 autres exemplaires de ces armements de fabrication française.
L'annonce d'Emmanuel Macron intervient quelques jours après une révélation du Financial Times, indiquant que Bruxelles a lancé un audit sur les quantités d’armements que les États membres ont fourni à Kiev depuis le début de l’offensive russe. Un contrôle qui fait suite aux récriminations de Berlin, estimant que certains États auraient les moyens d’en faire plus. Seraient notamment ciblés Paris et Rome.