Russie

Russie : après de violents heurts, le chef du Bachkortostan condamne les appels au «séparatisme»

Le dirigeant de la région russe du Bachkortostan a dénoncé ce 18 janvier des appels au «séparatisme», au lendemain de violents heurts ayant secoué cette république comptant une importante communauté musulmane et turcophone.

«Un groupe de personnes, dont une partie vivent à l'étranger et sont en fait des traîtres, appellent à une séparation du Bachkortostan de la Russie. Ils appellent à une guérilla ici», a fustigé ce 18 janvier Radi Khabirov, dans un communiqué diffusé sur Telegram.

«En tant que chef du Bachkortostan, je dois protéger la république et son peuple contre toute tentative de saper l’harmonie interethnique sur la base de la nationalité, de la langue et de la foi», a-t-il déclaré. «C’est mon autorité, mon devoir», a insisté l’homme politique. «Des enquêtes pour des crimes très graves, pour "troubles massifs", ont été ouvertes. Elles prévoient de longues peines de prison», a-t-il encore précisé, promettant de ne pas «tolérer l'extrémisme».

Le 17 janvier, des échauffourées ont éclaté entre la police et plusieurs milliers de personnes qui s'étaient rassemblées devant un tribunal pour apporter leur soutien à Faïl Alsynov, qui a dénoncé l'offensive russe en Ukraine. Lors d'un verdict à huis clos dans la ville de Baïmak, non loin du Kazakhstan voisin, Faïl Alsynov a été condamné par ce tribunal à quatre ans de prison pour «avoir commis des actes visant à inciter à la haine, ainsi qu'à humilier la dignité d'un groupe de personnes sur la base de la race, de la nationalité, de la langue, de l'origine».

«Nous montrerons le vrai visage de ces gars»

«Je crains que quelque part ce soit notre faute, la faute des municipalités, ma faute personnelle si elles n’ont pas bien expliqué aux gens, si elles n’ont pas pleinement révélé l’essence et le contenu de ces personnes», a-t-il poursuivi. «Nous montrerons le vrai visage de ces gars», a-t-il promis.

Depuis l’Ukraine, un autre Bachkir, Rouslan Gabbassov, soutien de Faïl Alsynov, a ouvertement appeler à utiliser contre la Russie la carte des tensions interethniques. Ce dernier s'est exprimé ce 18 janvier lors d'une conférence de presse à Kiev, selon une journaliste de l'AFP présente sur place.

Selon l’agence de presse française, Rouslan Gabbassov a demandé à l'Ukraine d'autoriser la formation d'une unité militaire bachkire qui combattrait côté ukrainien pour obtenir de l'expérience, en suggérant de recruter des soldats bachkirs de l'armée russe faits prisonniers sur le front. Selon lui, cette force bachkire pourrait ensuite regagner la Russie et mener une guérilla «suivant l'expérience du débarquement de Fidel Castro à Cuba».

«Si la Russie s'effondre, c'est bon pour l'Ukraine», a-t-il assuré, appelant Kiev à reconnaître l'indépendance du Bachkortostan et à ne pas «sous-estimer» le «potentiel» des mouvements d'opposition liés aux minorités ethniques en Russie. Plus de la moitié de la population du Bachkortostan est composée, selon les statistiques officielles, de Bachkirs et de Tatars, deux minorités turcophones et musulmanes.