Lors d’une réunion avec des chefs de municipalités le 16 janvier, Vladimir Poutine a dénoncé les mesures prises par les autorités de certains pays baltes à l’encontre des populations russes. «Ce qui se passe actuellement en Lettonie et dans d’autres républiques baltes, lorsque les Russes sont tout simplement jetés hors du cordon, vous savez, ce sont des choses très graves qui affectent directement la sécurité de notre pays», a déclaré le président russe.
Le 15 janvier, l’ambassade russe à Riga avait mis en avant le cas d’une habitante de Liepaja, «âgée de 72 ans, malvoyante depuis l'enfance», qui serait menacée d’expulsion suite à l’annulation de son permis de séjour permanent. Une situation qui fait suite à l’adoption par le Parlement letton, en septembre 2022, au nom du «renforcement de la sécurité nationale», d’un amendement à la loi immigration.
Ce texte impose aux citoyens russes et biélorusses résidant dans le pays d’obtenir un certificat de compétence en langue lettone de niveau A2 (intermédiaire) avant le 1er septembre 2023, sous peine de voir leur permis de résidence annulé.
Dans un communiqué publié le 14 janvier sur son site, le Kremlin a annoncé que Vladimir Poutine avait chargé le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ainsi que le président du Conseil des droits de l’homme Valeri Fadeïev de «soumettre des propositions» d’ici le 1er juillet afin de «garantir les droits» des citoyens russes résidents à l’étranger ainsi que leur rapatriement en cas d’expulsion.
Un retraité de 82 ans expulsé
«La Russie n’abandonnera pas les personnes expulsées de Lettonie. Elles recevront toute l’assistance nécessaire», avait assuré le 13 janvier la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova
Des déclarations qui, elles-mêmes, survenaient au lendemain de l’annonce par le service de presse de l’ambassade russe à Riga de l’expulsion de Boris Katkov, un retraité de 82 ans à la tête de l’Association de coopération russo-lettone.
Ce dernier aurait eu «une heure pour faire ses valises», a déclaré sur Telegram le gouverneur de Pskov (frontalière de la Lettonie), Mikhaïl Vedernikov. «Comme un criminel, ils l’ont escorté jusqu’à la frontière», a-t-il ajouté. L’ambassade russe à Riga a quant à elle fustigé une décision «inhumaine», soulignant que ce retraité de l’armée a en Lettonie une femme, des enfants et des petits-enfants. La représentation russe a également dénoncé une «violation flagrante» d’un accord bilatéral signé en 1994 relatif à la protection sociale des retraités militaires russes et des membres de leur famille.
Début janvier, l'agence RIA Novosti rapportait qu’en décembre, le Bureau de la citoyenneté et des affaires migratoires letton avait signalé «que 1 213 citoyens russes pouvaient être expulsés». Mais il s’est avéré plus tard que «46 personnes avaient déjà quitté le pays», soulignait l’article.
Les Russes représentent plus du quart de la population de la Lettonie, pays bilingue depuis l’ère soviétique.