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A Riga, une statue de Pouchkine démontée pour assurer la «sécurité du pays et des esprits»

En Lettonie, les autorités ont procédé au démontage d'une statue du poète russe Alexandre Pouchkine, qui se trouvait dans le parc de Kronvalda de la capitale.

Depuis le 30 mai, quelques œillets rouges jonchent le sol en lieu et place de la statue du poète russe emblématique Alexandre Pouchkine. La municipalité de Riga a annoncé sur son site que la statue avait été temporairement déplacée dans une réserve de musée et serait ensuite transférée au musée de l'Union des artistes, conformément à la décision relative à «sa conservation et ses modalités d'exposition».

Le monument était un présent de la municipalité de Moscou et avait été dévoilé le 22 août 2009 avec le soutien de la Société Pouchkine de Lettonie, l'ambassade russe et la municipalité de Riga. Cette initiative bénéficiait notamment de l'appui du maire de Riga (2009-2019), Nils Ušakov, réputé proche de la Russie.

En revanche, le Conseil pour la préservation et le développement du centre historique de Riga et l'Inspection nationale pour la protection des monuments culturels avaient émis un avis défavorable au maintien de la statue dans le parc de Krovalda, accompagné d'une recommandation pour qu'elle soit déplacée ailleurs. Cette décision fut finalement validée par le conseil municipal en avril 2013.

La statue de Pouchkine aurait menacé la «sécurité des esprits»

Forte de cette décision rendant illégale la présence de la statue, le «Code pour Riga», une coalition de députés dont quatre membres du conseil municipal, a milité activement pour le retrait du monument. «Pouchkine n'a jamais mis les pieds à Riga ni montré aucun intérêt pour notre ville,» argue Jānis Ozols, vice-président de cette coalition. Il ajoute que «le monument est, par sa nature et sa signification, un instrument au service du faux pouvoir [culturel] russe. Il en va de la sécurité du pays et de la sécurité de nos esprits (...) En outre, à des moments comme aujourd'hui d'escalade des tensions, de telles installations font courir le risque de divisions dans la société».

Pour rappel, au mois de mars, le Conseil des monuments de la municipalité avait suggéré de déboulonner six autres monuments datant de l'ère soviétique, avançant la raison qu'ils «glorifiaient le régime soviétique». L'an dernier, le Parlement letton avait approuvé un projet de loi autorisant la suppression des monuments commémoratifs soviétiques.

Après le retrait de deux semblables monuments à Daugavpils, l'ambassade russe avait qualifié ces actes de «foucades barbares des élites dirigeantes lettonnes».