Russie

Poutine accuse Washington de poursuivre sa «guerre hybride» contre la Russie

Ce 19 décembre, le président russe a pris la parole devant le collège du ministère de la Défense et dénoncé l'«agressivité» de l'Occident. Le ministre Sergueï Choïgou a également dressé un bilan militaire positif de l'opération russe en Ukraine, estimant que l'armée russe était «la plus apte au combat».

Séparer la Russie du reste de l’Europe, exploiter l’Europe, arracher l’Ukraine de la Russie et diviser celle-ci : Vladimir Poutine a, ce 19 décembre, donné sa version des visées occidentales, et plus particulièrement américaine, en conclusion d’une réunion du collège de Défense à Moscou.

Dans son discours, le dirigeant russe a dressé un bilan des opérations passées et à venir des armées russes, mais aussi dépeint les raisons de son action. «Les Américains ont mis en place le conflit en Ukraine exprès», a-t-il ainsi dénoncé, estimant que la Russie avait fait «tout son possible pour avoir des relations de bon voisinage avec des peuples frères», et regrettant la trahison de la promesse faite en 1991 à Gorbatchev de ne pas étendre l’OTAN vers la Russie. «Voilà les partenaires que nous avons !», a-t-il lancé, soulignant au passage l’entrée récente du voisin finlandais dans l’Alliance atlantique.

«Nos troupes ont l’initiative»

«Les États-Unis augmentent leurs prétentions de conquête mondiale, ils ne rencontrent pas d’opposition à leurs objectifs d’agression, c’est pourquoi les objectifs de l’opération militaire spéciale seront maintenus», a annoncé le dirigeant.

«Nos troupes ont l’initiative», s’est-il félicité, estimant que l’ennemi épuisait ses ressources, comme l’a selon lui démontré l’échec en hommes et en matériel de sa contre-offensive estivale, qui s’est brisée «sur le courage de nos soldats».

«Travailler plus vite que les Occidentaux»

Vladimir Poutine a ensuite demandé aux commandants présents d’améliorer les capacités techniques de l’armée russe, évoquant entre autres «les systèmes de renseignement» ou de «contrebatterie». «Il nous faut également donner aux troupes les armes les plus modernes», a-t-il déclaré, annonçant l’apport d’un budget complémentaire. «Il faut poursuivre l’armée du futur», a-t-il déclaré.

«Il faut travailler plus vite que les Occidentaux qui livrent au régime de Kiev», a surtout enjoint le président russe, relevant avec satisfaction «la multiplication par trois des livraisons de chars».

Vladimir Poutine a enfin remercié «les combattants sur le front» et la «solidarité patriotique» des civils leur apportant de l’aide et du réconfort. «Le plus important c'est peut-être cette consolidation générale de toutes les forces de la société. Je remercie une fois ceux qui aident nos combattants sur le front», a-t-il conclu.

Le territoire de Donetsk et Lougansk «multiplié par cinq»

Prenant ensuite la parole, le ministre russe de la Défense a dressé un bilan de l’opération russe en Ukraine, indiquant que les troupes russes avaient permis une multiplication «par cinq» des territoires des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk depuis 2022, permettant de relier la Crimée.

A contrario, «la contre-offensive ukrainienne a échoué à prendre du terrain», s’est-il ensuite félicité. Sergueï Choïgou a d'ailleurs revendiqué la destruction de 37 chars Léopard, fleurons de l’industrie allemande. Pour le ministre, pas de doute : «Le matériel russe a égalé voire dépassé le matériel de l’OTAN», a-t-il déclaré, saluant cette «épreuve du feu» et les innovations russes.

«L'armée russe est la plus apte au combat»

«Cinquante-quatre pays ont annoncé avoir livré des armements à Kiev, mais en réalité 15 d’entre eux le font», a aussi affirmé le ministre russe, chiffrant à 230 milliards de dollars les équipements occidentaux fournis à Kiev, parmi lesquels «5 000 chars, 27 avions, 23 000 drones», auquel il faut ajouter une formation par les troupes de l’OTAN.

Selon Sergueï Choïgou, l’Ukraine aurait perdu en tout 383 000 soldats, et mené neuf opérations de mobilisation, la «plupart» des mercenaires étrangers ayant été liquidés : 1 400 militaires venant selon lui principalement de Pologne, des États-Unis et de Grande-Bretagne.

Une réussite donc, selon la Défense russe, qui avance le chiffre de 650 000 militaires mobilisés en tout depuis 2022 dans l’opération. Opération qui se doit d’être poursuivie en 2024, «jusqu’à remplir les objectifs fixés».

Le 14 décembre, lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine avait déclaré que les objectifs de l'opération militaire russe restaient «inchangés». Les tâches de dénazification, de démilitarisation et de neutralisation de l'Ukraine restent d'actualité, a-t-il tenu à rappeler. «La paix surviendra lorsque nous aurons atteint nos objectifs», avait-il tranché.