Russie

Pour les missions futures, des chercheurs russes ont dressé une carte géologique de Vénus

En vue de planifier de futures missions, des chercheurs russes ont mis au point une carte géologique globale de la planète Vénus

Des scientifiques russes, en collaboration avec leurs collègues étrangers, ont créé une carte géologique détaillée et actualisée de Vénus. Pour ce faire, les scientifiques ont analysé les images radar et les données collectées lors des missions d’exploration de la seconde planète du système solaire depuis le tout début des recherches. Selon les scientifiques, le paysage de Vénus tel qu’on peut le voir aujourd’hui s’est formé au cours du dernier cinquième de l’existence de la planète. La carte a pour but d’aider à définir les objectifs des futures missions d’exploration de Vénus.

Des chercheurs russes du laboratoire de planétologie comparée de l’Institut de géochimie et de chimie analytique Vernadskiï de l’Académie des sciences de Russie ont établi, avec des collègues étrangers, une carte géologique globale de Vénus, selon le service de presse de l’Institut qui l’a communiquée à RT. Leur travail sera utile pour planifier des missions d’exploration de la planète. L’étude a bénéficié du soutien de la part du ministère russe de l’Éducation et de la Science. Les résultats ont été publiés dans le Journal of the Geological Society basé à Londres.

Similitudes avec la Terre

Selon les auteurs de l’étude, parmi les planètes telluriques du système solaire, c’est-à-dire Mars, Vénus, Mercure et la Terre dont la composition est similaire, Vénus présente la plus grande similitude avec la Terre en termes de taille, de masse et de densité. Pendant longtemps, les chercheurs ont donc pensé que les analogies entre la Terre et Vénus ne se limitaient pas à leur taille. Les scientifiques ont émis l’hypothèse que les planètes pourraient avoir en commun le climat, l’histoire géologique voire les styles tectoniques. Le style tectonique fait référence au type d’activité tectonique dominant sur une planète. Ainsi, la Terre possède surtout une tectonique de plaques lithosphériques, lesquelles sont constamment en mouvement et changent la configuration de la planète.

Mais des images détaillées de la surface de Vénus réalisées lors des précédentes missions d’exploration ont démontré une forte différence entre les conditions climatiques et géologiques vénusiennes et terriennes. Il a notamment été déterminé que l’atmosphère de Vénus se composait majoritairement de dioxyde de carbone et d’azote et que les nuages qui la composent étaient constitués de gouttes d’acide sulfurique, enfin, que la température de surface atteignait les 500°C. Les chercheurs ont également appris que le paysage tectonique de Vénus était très différent de celui de la Terre. Une grande partie de la surface vénusienne est constituée de tesserae, c’est-à-dire de zones de relief fracturé. De nombreuses hypothèses ont été avancées pour expliquer la genèse de ces structures géologiques.

Une cartographie détaillée de Vénus aidera la science à trouver les réponses à ces questions, mais aussi à d’autres problèmes, indiquent les auteurs de l’étude. Les chercheurs ont analysé plusieurs hypothèses expliquant le caractère unique du paysage vénusien et ont appliqué à leur travail les principes de la stratigraphie, une section de la géologie qui étudie l’âge des différentes couches de roches. Les chercheurs ont utilisé des images radar de la surface de la planète, ainsi que des données collectées par les missions de différents pays qui ont été envoyées sur Vénus.

Le résultat de ce travail est une carte géologique complète de Vénus à l’échelle 1:12 000 000. Les scientifiques sont arrivés à la conclusion que la surface de Vénus s’était formée au cours du dernier cinquième de l’histoire géologique de la planète.

Ainsi, les tesserae se sont formées au cours de l’ère géologique le Fortunien, la plus ancienne période de l’histoire géologique connue à ce jour. A cette époque, la planète subissait d’intenses déformations tectoniques. Une autre époque de la stratigraphie vénusienne, le Guinevérien, a vu la formation de plaines volcaniques après que le magma s’est solidifié en une couche uniforme à la surface de la planète. Enfin, une période ultérieure, l’Atlantide, se caractérise par la formation de zones de rift (des zones d’étirement de la croûte terrestre) et de grands volcans boucliers.

L’analyse effectuée permet de formuler des questions et des travaux pour les prochaines missions d’exploration de Vénus, notamment pour la mission russe Venera-D, ainsi que pour les missions d’autres pays, a expliqué à RT l’un des auteurs de l’étude, Alexandre Bazilievskiï, chercheur au laboratoire de planétologie comparée de l’Institut Vernadskiï de géochimie et de chimie analytique de l’Académie des sciences de Russie.