Chroniques

Racialisme : Emmanuel Macron face à la limite du «en même temps»

L'essayiste Lydia Guirous explique dans cette chronique pour RT France pourquoi l'opposition affichée d'Emmanuel Macron aux tendances soutenant l'intersectionnalité n'exclut pas le doute quant à la véritable idéologie du pouvoir et ses représentants.

Le président de la République Emmanuel Macron a déclaré dans une interview au magazine ELLE, et c’est à saluer, qu’il était inquiet de voir la vision racialiste gagner la société française. Il a ajouté qu’il était un tenant d’un féminisme universaliste… Un féminisme dans la droite ligne de celui d’Elisabeth Badinter : un féminisme qui lutte donc contre le symbole de la soumission des femmes qu’est le voile islamique et rejette l’intersectionnalité.

La vision racialiste dont parle le président de la République est une vision «Made in USA» qui veut que chaque personne soit vue à travers le prisme de sa «race», sa «couleur», son «sexe» (dire «genre» c’est plus politiquement correct), et son orientation sexuelle. C’est une vision qui divise, trie, sépare et met dans des cases les individus. Elle est porteuse de conflits et génère une compétition des «races». Elle met en avant la plus infime différence pour mieux diviser notre société et enfermer chaque personne dans sa «catégorie». La vision racialiste est en totale opposition avec la tradition républicaine et universaliste française.

On a envie de croire et de soutenir le président de la République quand il fait ce genre de déclaration. Il réveille même un espoir. Mais le «en même temps» plane toujours et sème le doute. Les multiples déclarations des membres de son gouvernement actuel ou passé nous refroidissent et affaiblissent la portée des déclarations d’Emmanuel Macron.

Rappelons-nous que Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, souhaitait que les policiers mettent un genou à terre pour signifier leur soutien au mouvement «Black lives matter». De prime abord, il est légitime et nécessaire de soutenir ce mouvement mondial contre le racisme. Mais en y regardant de plus près, malheureusement, ce mouvement était surtout un mouvement qui dénonçait les «violences policières». Or, demander aux policiers de mettre un genou à terre quand on est ministre de l’Intérieur, c’est leur demander de se désigner coupables de racisme et de violences arbitraires. Cela est inconcevable et relève de l’erreur grave d'appréciation pour l’ex-premier flic de France.

 Le président de la République ne peut pas être crédible sur des sujets si fondamentaux pour l’identité culturelle de la France tant qu'il y aura autour de lui des tenants d’un relativisme culturel et des crypto-racialistes

Dans la même veine de la soumission à la bien-pensance venue d’outre-Atlantique : Elisabeth Moreno, (vous ne la connaissez pas ? c’est normal…) ministre des Droits des Femmes, a parlé de «privilège blanc». Elle avoue ainsi partager une vision racialiste de la société française… en opposition donc avec les récentes déclarations du Président.

Plus récemment, Marlène Schiappa dont les positions sur la laïcité et le voile fluctuent en fonction du vent… déclare que le voile est une «marque de l’islam politique» et en même temps, souhaite plus de femmes voilées assesseures dans les bureaux de vote… (de là à comprendre qu’elle souhaite plus de femmes représentantes de l’islam politique en politique il n’y a qu’un pas... Mais passons). Notons que cette dernière déclaration s’est faite au sein de l’Assemblée nationale au moment des débats avant l’adoption définitive du projet de loi visant à renforcer les principes républicains.

Le président de la République ne peut pas être crédible sur des sujets si fondamentaux pour l’identité culturelle de la France tant qu'il y aura autour de lui des tenants d’un relativisme culturel et des crypto-racialistes. Emmanuel Macron est aujourd’hui discrédité par la nature même de la constitution d’En Marche et du «en même temps». La qualité de ses déclarations sur le danger de l’intersectionnalité, du racialisme, est affaiblie et décrédibilisée par ceux qui autour de lui tergiversent et sont rattrapés par leur gauchisme originel. Le «en même temps» devient l’impasse d’Emmanuel Macron.