Dans une nouvelle traduction en néerlandais, l’Enfer de Dante a été expurgé du passage dans lequel figure le prophète Mahomet «afin de ne pas blesser inutilement», sachant, au passage, que ces «quelques coupes» répondent au souhait d’adapter le style afin de le rendre plus «accessible», «notamment aux jeunes» («comme si Dante était un slameur »[sic]).
Des jeunes du Jeunistan donc.
Dans cette information, tout est répugnant et condensé :
- La veulerie d’un Occident qui se suicide minablement, qui se couche de façon obscène et alors même qu’aucune demande émanant du monde musulman n’avait été faite visant ce chef d’œuvre de notre civilisation.
- La stupidité consistant à rechercher à tout prix la simplification du style dans un but fantasmagorique d’accessibilité qui est en réalité, comme je le disais dans un article sur la réécriture de Molière, un nivellement par le bas, ce-dernier ayant finalement pour but d’assurer à la petite caste détenant le pouvoir culturel de s’y reconduire tout en feignant de lutter contre les inégalités : nous maîtrisons les codes culturels, en échange de quoi nous vous proposons des produits culturellement dégradés, nous gardons ainsi le pouvoir (et la maîtrise des codes).
- Enfin, dans la même veine que l’affaire de la mosquée de Strasbourg, on retrouve l’esprit collaborationniste qui se caractérise non pas par le fait de respecter les croyants musulmans mais par le fait d’aller au-devant des exigences de l’islamisme (en l’occurrence ici l’islam politique virulent). Le Collabo, de tous temps, devance les ordres.
Ces veules traîtres seraient capables de traiter l’imam Chalghoumi, opposé à ce projet de mosquée pour les mêmes raisons que nous, d’islamophobe.
L’Enfer de Dante, à vrai dire, nous y sommes, errants dans quelque bolge, et pas en version expurgée, broyés entre la lâcheté des uns, la bêtise des autres, l’inculture et l’opportunisme de beaucoup.
Il y aura du pain sur la planche pour nettoyer tout cela.
Anne-Sophie Chazaud