France

Les musées français suppriment-ils progressivement leurs chiffres romains ?

D'après Le Figaro, les musées seraient de plus en plus nombreux à remplacer, totalement ou en partie, les chiffres romains par les chiffres arabes. C'est le cas du musée du Louvre et du musée Carnavalet situés à Paris, pour des raisons diverses.

D'après Le Figaro, des musées commenceraient à renoncer à afficher des informations en utilisant les chiffres romains. La raison ? «Nous ne sommes pas contre les chiffres romains, mais ils peuvent être un obstacle à la compréhension», souligne Noémie Giard, responsable du service des publics au musée Carnavalet situé à Paris.

Le musée consacré à l’histoire parisienne a été l'objet de lourds travaux et la direction en a profité pour refondre son parcours de visite en diminuant l'usage de ces chiffres. Le musée Carnavalet précise néanmoins à RT France que, si l'usage des chiffres arabes est «privilégie» dans le cas des siècles, l'usage majoritaire des chiffres romains a été conservé pour les noms de rois. Dans le cadre d'un dispositif visant à rendre son contenu plus accessible à tout public, et notamment aux personnes en situation de handicap, de petits pupitres «d’accessibilité universelle» ont néanmoins été placés à hauteur d’enfant où l'on voit Henri 4 ou Louis 14 défiler.

Ce n'est pas le premier musée français à accomplir ce type de changement. Il y a quelques années, le musée du Louvre avait renoncé à la numérotation antique pour désigner les siècles, au motif que les étrangers et une majorité de Français ne savaient plus les déchiffrer. Les rois avaient tout de même gardé leur privilège et les Henri IV, Louis XIV ou Louis XVI sont encore visibles.

Un mouvement simplificateur pour rendre la culture accessible

A Rouen, d’autres musées ont suggéré l’abandon des chiffres romains pour une raison similaire au musée Carnavalet : l'adoption de la méthode Falc (facile à lire et à comprendre), un acronyme issu d’une charte éditée par l’Unapei (la fédération qui regroupe les associations de défense des personnes handicapées). Conçue au départ pour les personnes dyslexiques ou handicapées, cette charte préconise l’usage d’un vocabulaire simple ainsi que l’absence de références implicites. Le directeur du musée des Beaux-Arts de Rouen Sylvain Amic n’avait pas accédé à la demande car «le musée est sans doute un des lieux où on peut continuer à les faire vivre et à les expliquer». 

D'après Noémie Giard, «nous faisons tous le constat que les visiteurs lisent peu les textes dans les salles, surtout s’ils sont trop longs. Ils ont aussi tendance à zapper et à picorer», explique-t-elle. L'objectif est donc de simplifier au mieux les informations affichées pour que tout le monde puisse s'en saisir. 

Quels qu'en soient les motifs, ce retrait progressif des chiffres romains est néanmoins dénoncé par quelques historiens et latinistes. «C’est l’histoire de la poule et de l’œuf: moins on les verra, moins on les maîtrisera», a déclaré François Martin, enseignant et président de la Coordination d’enseignants en langues anciennes (Cnarela). Le plus triste, selon lui, est que «les enfants adorent apprendre les chiffres romains en primaire, car ils prennent cela comme un jeu».