RT France : Mettre un tel titre en Une du journal municipal, s’agit-il d’une provocation ?
Robert Ménard (R.M.) : Ce n’est pas une provocation, c’est la vérité. Parfois la vérité est inquiétante, d’autres, elle interpelle, mais c’est la vérité.
RT France : On peut lire dans cet article «Notre émotion est forte». A quoi faites-vous allusion ?
R.M. : Je parle à la fois de l’émotion qu’on ressent en voyant la photo de ce petit enfant [retrouvé mort sur une plage turque] qui a fait le tour du monde. Je me suis inquiété, comme tout le monde. Mais est-ce que cela suffit à dicter une politique ? Je ne le crois pas. Aujourd’hui, mon pays n’est pas en état d’accueillir des dizaines de milliers d’immigrés. Est-ce que la France et est-ce que Béziers sont capables d’accueillir autant de monde ? Non. Donc je ne recevrai pas d’immigrés dans ma ville.
RT France : Mais concrètement, pour quelle raison ?
R.M. : C’est le manque de moyens pour les accueillir, mais aussi quand j’entends certains de ces réfugiés crier «Allahou Akbar !», je n’ai pas envie de voir arriver un certain nombre de gens comme ça dans ma ville. Il y a déjà des immigrés qui sont entrés dans ma ville, ils ont cassé les portes d’un certain nombre d’appartements qui appartenaient à l’office des HLM, ils se sont branchés illégalement sur les réseaux d’eau et d’électricité… Est-ce que vous trouvez ça normal ? Non, les gens de ma ville ne trouvent pas ça normal. On ne peut pas accepter une telle situation.
RT France : Mais est-ce qu’il y a vraiment beaucoup d’immigrés à Béziers ?
R.M. : Il y a bien de gens qui sont en situation illégale mais je ne connais pas leur nombre exact à l’instant. Officiellement, il y a 400 demandeurs d’asile qui sont hébergés dans une structure qui appartient à l’Etat. 87% ont vu leur demande d’asile refusée parce qu’ils ne remplissaient pas les critères légaux. Normalement, la loi exige que ces 87% soient reconduits à la frontière. Savez-vous combien d’entre eux ont été reconduits à la frontière ? Zéro ! C’est insupportable. Que l’Etat français commence par appliquer la loi.
[M. Hollande et M. Sarkozy] sont des pyromanes, ce sont eux qui ont mis le feu et maintenant ils veulent jouer les pompiers.
RT France : On sait que vous êtes partisans d’aider les réfugiés chez eux, en Afrique, au Proche-Orient, etc. Mais comment peut-on le faire efficacement ?
R.M. : Moi, je suis le maire de la seule ville de France qui est jumelée avec une ville en Syrie, le petit village de Maaloula. Nous, on n’a pas attendu pour se mobiliser, pour donner de l’argent, pour aider à la reconstruction. Vous savez, Maaloula est le seul endroit au monde ou on parle l’Araméen, la langue du Christ, et quand les islamistes sont entrés dans cette ville, la première chose qu’ils ont faite, c’est de détruire l’institut où l’on apprend cette langue et de bruler la bibliothèque. Nous avons aidé à reconstruire cet institut, de même qu’un orphelinat pour filles qui avait également détruit. C’est la première chose. Deuxièmement, quand j’entends la droite ou la gauche française, dire, expliquer ce qu’il faut faire aujourd’hui «regardez ce qu’il faut faire»… Mais ce sont ces gens qui ont mis le feu à la situation. Qui est intervenu en Lybie si ce n’est pas M. Sarkozy ? Qui voulait absolument intervenir militairement il y a encore deux ans en Syrie ? C’est M. Hollande. Ce sont eux qui sont les responsables en partie de cette situation. Ce sont des pyromanes, ce sont eux qui ont mis le feu et maintenant ils veulent jouer les pompiers. Mais de qui ils se moquent ? Puis dernière remarque, pour les solutions pratiques, pourquoi les pays du Golfe ne reçoivent pas de réfugiés ? Pourquoi l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis ne le font pas ? Voilà des pays très riches, voilà des pays qui partagent avec 90% des refugiés à la fois la même religion, la même culture, la même langue… Pourquoi ne les reçoivent-ils pas ? Pourquoi ils ne se montrent pas généreux ? Plutôt que de faire la guerre sur place, peut-être qu’ils pourraient accueillir les gens…
RT France : Mais que faire avec les immigrés qui sont déjà sur le territoire français ? Faut-il reconduire tout le monde a la frontière si on ne peut pas les accepter ?
R.M. : Hier, j’ai vu un reportage de gens de l’OFPRA, l’office qui en France s’occupe des réfugiés, qui allaient en Allemagne pour convaincre les gens de venir en France. Alors je vous propose que les gens de l’OFPRA restent en France et attendent que les réfugiés arrivent en France plutôt que d’aller les chercher en Allemagne. Et pour les immigrés qui sont déjà en France et qui n’ont pas obtenu le statut de réfugié conféré par le droit international, ils n’ont aucune raison de rester en France.
Le problème n’est pas l’origine religieuse des réfugiés
RT France : Certains maires en France ont déclaré qu’ils étaient prêts à accueillir des immigrés à condition qu’ils soient chrétiens. Est-ce que vous partagez cet avis ?
R.M. : Non, je ne suis pas d’accord. C’est vrai qu’on a une solidarité particulière avec les chrétiens du Moyen-Orient, mais en même temps quand je suis allé en Syrie il y a quelque mois j’ai rencontré le grand mufti de Damas et j’ai passé de longs moments avec lui et c’est un grand homme que je respecte. Non, le problème n’est pas l’origine religieuse des réfugiés, c’est simplement que notre pays n’a pas à se lancer dans cette politique-là. Je n’ai bien évidemment pas exactement le même regard que les autres maires, mais compte tenu des ravages que peut faire l’intégrisme musulman, je dirais comme eux «ça m’arrange, je ne veux pas accueillir de réfugiés».