Les pays du Golfe préfèrent pilonner le Yémen et augmenter le nombre de réfugiés que d’en accueillir
Tandis que l’Europe essaie de juguler l’afflux de migrants venant du Moyen-Orient, l’ONG Human Rights Watch pointe du doigt les prospères Etats arabes du Golfe Persique de ne pas ouvrir leurs frontières aux demandeurs d’asile.
Les dirigeants des pays arabes du Golfe, qui ont les revenus les plus élevés par habitant de la région, parlent toujours passionnément du fléau du conflit syrien, et leurs médias financés par l’Etat parlent sans cesse de la guerre civile qui fait rage en Syrie.
Cependant, malgré les millions de réfugiés syriens qui continuent de languir au Moyen-Orient et ceux qui risquent leur vie pour atteindre l’Europe, dont certains meurent sur le chemin, les pays du Golfe se sont entendus pour accueillir un nombre dérisoire de réfugiés.
Depuis la guerre de Syrie qui a éclaté en 2011, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a appuyé 63 demandes syriennes d’asile dans les pays arabes, dont 33 seulement ont connu une issue favorable.
Un des représentants koweïtiens, Al-Fahd Shelaimi, interrogé sur ce qui empêche les Etats du Golfe d’accueillir plus de réfugiés fuyant la guerre en Syrie, l’a expliqué par le fait que «le coût de la vie au Koweït est élevé» et n’est pas adapté aux réfugiés.
«Le Koweït et d’autre pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe sont trop chers pour accepter les réfugiés. Nous ne voulons pas voir les gens qui souffrent de tensions internes et de traumatismes dans notre pays», a-t-il fait savoir.
Les actions des Pays du Golfe, aident-elles aux réfugiés fuyant la guerre ?
En fait, ces pays non seulement gardent leurs frontières fermées, mais construisent aussi des clôtures visant à empêcher la venue de terroristes et de migrants illégaux.
Le «mur» construit à la frontière saoudienne avec l’Irak, dont la longueur est de 900 kilomètres, est équipé de caméras infrarouges, de tours de surveillance et de détecteurs de mouvement souterrains qui sont capable de déclencher des alarmes silencieuses.
De plus, le Qatar se prépare à envoyer plus de 1000 soldats au Yémen pour rejoindre la coalition anti-Houthis. D’après un journaliste d’Al Jazeera, qui se retrouve à la frontière entre l’Arabie saoudite et le Yémen, les troupes sont soutenues par 200 véhicules blindés et 30 hélicoptères de combat Apache.
Alors que l’Europe est inondée par le flot des migrants, résultat de la catastrophe humanitaire au Moyen-Orient provoquée par des combats interminables, la coalition arabe poursuit ses bombardements au Yémen.
Au moins 10 personnes, dont sept «civils», ont été tuées mardi dans de nouvelles frappes aériennes sur la capitale du Yémen, Sanaa, toujours tenue par les forces houthies.
Les avions de la coalition "éliminent le #Yémen de la racaille" dans des raids (VIDEO) http://t.co/AzgwJwNBuXpic.twitter.com/LoiHuhT80U
— RT France (@RTenfrancais) 7 Septembre 2015
L’Arabie saoudite va plutôt financer des groupes armés qu’aider les réfugiés
Dans une interview à RT, Ali Al-Ahmed, directeur de l'Institut pour les affaires du Golfe à Washington a indiqué qu’il serait plus facile si ces pays arabes acceptaient les réfugiés mais malheureusement cela ne les intéresse pas.
«Le problème ici est clair. C’est que les pays du Golfe sont plus intéressés de financer des groupes armés en Syrie qu’aider le peuple syrien et les inviter à vivre dans leurs pays où ils pourraient obtenir un emploi et gagner de l’argent pour aider leur famille au lieu de risquer leur vie pour rejoindre l’Europe», a expliqué Ali Al-Ahmed.
D’après l’analyste, les pays du Golfe sont un bon endroit pour les réfugiés syriens puisqu’ils ne se sentiraient pas trop déracinés, comme il n’y a pas de barrière sociale ou culturelle. «Au contraire en Europe, ils font face à beaucoup d’obstacles que représentent la langue et les différences culturelles».
De plus, Al-Ahmed estime qu’il serait beaucoup moins couteux de placer des réfugiés dans les pays du Golfe au lieu de les avoir tous en Europe, créant ainsi plus de problèmes économiques pour les pays européens.