«Les Européens n'ont pas besoin des Russes pour leur dire que l’UE ne fonctionne pas»

La doctrine dominante s'effondre devant nos yeux, estime l’ex-député britannique George Galloway : personne ne croit la classe politique et sa chambre de réverbération constituée par les médias mainstream.

L'Union européenne élargit son équipe chargée de lutter contre la propagande russe. Cette décision est liée aux craintes d'une ingérence extérieure à l'approche d'élections importantes qui doivent se tenir dans plusieurs grands Etats européens.

La force opérationnelle chargée de cette mission, le StratCom, dispose d'un site web où il publie ses bulletins d'information sous le slogan «Don't be deceived. Question even more» - «Ne soyez pas déçus, posez encore plus de questions». Un jeu de mots qui rappelle le slogan de RT «Question more» - «Posez plus de questions».

C'est un indice de panique et de désespoir au sein de l'élite politique européenne et autrefois nord-américaine

RT : Pensez-vous qu'une telle force opérationnelle est nécessaire ? Les gens ont-ils besoin d'être guidés pour discerner les vraies des fausses informations ?

George Galloway (G. G.) : C'est un indice de panique et de désespoir au sein de l'élite politique européenne et autrefois nord-américaine. Elle doit accepter le fait que de plus en plus de gens préfèrent les médias alternatifs aux médias appelés mainstream qui ont dominé le monde médiatique pendant des décennies, pendant tout un siècle. C’est une vision du monde qui s'effondre, la culture dominante, la doctrine économique néo-libérale et la politique étrangère néoconservatrice. Les gens n'ont plus confiance en ces choses. Elle se met donc à chercher quelqu’un pour l'accuser. Et, bien sûr, à ses yeux, celle qui mérite le moins d’être accusée, c'est elle-même. La Russie est donc un souffre-douleur convenable. Pourtant si la Russie avait une telle influence sur les évènements dans des pays aussi hétérogènes que la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, elle serait dans une très bonne situation. 

Hillary Clinton était plus que capable de perdre l’élection elle-même

La vérité est que personne n’a vu les soi-disant piratages de l’élection américaine par WikiLeaks et le résultat a été ce qu’il a été. Pour des raisons strictement américaines. Il n’y avait besoin de personnes avec de la neige sur leurs bottes et un chapeau de fourrure près des gares. Hillary Clinton était plus que capable de perdre l’élection elle-même. L’UE est plus que capable de perdre l’affection, la confiance et le respect des millions de personnes qui y vivent. Ils n’ont pas besoin des Russes pour leur dire que l’UE ne fonctionne pas. Les Américains n’avaient pas besoin des Russes pour leur dire qu’Hillary Clinton représentait de plus en plus ceux qu’ils avaient déjà eu. Et ils n'ont pas voulu que cela se répète.

RT : Maintenant la peur d'une ingérence dans les élections européennes apparaît alors que les forces anti-establishment progressent. Ne pensez-vous pas que le problème réel de l’UE ce n’est pas l’ingérence, mais plutôt le paysage politique qui change ?

Personne ne croit la classe politique et sa chambre de réverbération que représentent les principaux médias

G. G. : C’est ça. Et pour les raisons que je viens d’évoquer. L’orthodoxie dominante est en train de s’effondrer sous nos yeux. Personne ne croit la classe politique et sa chambre de réverbération que représentent les principaux médias. Ils parlent des outils de propagande d’Etat mais la BBC est l’outil le plus servile de la propagande d’Etat jamais connu. Et en plus, on peut être emprisonné, si l’on ne paie pas la redevance pour cette chaîne de télévision. Il faudrait donc mieux voir la poutre dans son propre œil que chercher une paille dans celui de Moscou.

Mais, vous savez, cela ne marchera pas. Ils n’emploient que 10 personnes dans cette unité européenne de contre-propagande. S’ils en avaient 10 000 ou 100 000, cela ne marcherait toujours pas, parce que la population n’aime pas ce que les élites ont envie de dire. Elle n’aime pas ce que les élites sont en train de faire et proposent de faire encore plus. Cela ne va pas changer, si on leur donne une sorte de vaccin contre les fausses nouvelles, comme l’a suggéré un idiot l’autre jour. Les gens regardent RT, par exemple, parce qu’ils croient voir une approche plus sensible aux évenements mondiaux que celle qu’ils observent sur CNN ou Fox News ou la BBC…

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