Si l'on en croit certaines informations, le président Trump envisage de faire déménager l'ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, ce qui sera presque certainement un catalyseur pour le déclenchement d'une troisième Intifada.
Même si les commentateurs et les journalistes occidentaux se sont surpassés en déclarant que la victoire de Trump était célébrée à Moscou, comme si c'était la Russie qui gagnait le plus de sa présidence, le dirigeant mondial qui avait le plus de raisons de se réjouir de l'élection de Donald Trump était en réalité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Donald Trump, qui est isolé sur la scène internationale à cause de l’intransigeance de son gouvernement lorsqu'il s'agit des droits humains, civils et nationaux en Palestine et de ses horribles relations avec Barack Obama, est arrivé à Washington en proclamant son soutien presque inconditionnel au leader actuel d'Israël et à son gouvernement.
Le 45e président n’a jamais caché son opposition à l’accord nucléaire de l’Iran
Le gouvernement de Benjamin Netanyahou a été récemment condamné par le Conseil de sécurité à cause de l'expansion des colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés. Son ambassade à Londres a été impliquée dans un scandale lorsque des journalistes d’Al Jazeera sous couverture ont mis à jour un complot visant à nuire à divers hommes politiques et ministres britanniques à cause de leur opposition à ces colonies illégales, et, bien sûr, de leur obstination pour la création d’un Etat palestinien viable. Au regard de tout cela, le statut de paria de Benjamin Netanyahou devient de plus en plus évident.
Cependant, avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, tout cela est train de changer. Le 45e président n’a jamais caché son opposition à l’accord nucléaire iranien visant à empêcher les Iraniens de développer leurs armes nucléaires en échange de la levée des sanctions internationales. Négocié entre le gouvernement iranien et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies plus l'Allemagne, l'accord est considéré comme l'un des succès de la politique étrangère de l’administration Obama.
Malgré les fanfaronnades de Donald Trump concernant l'Iran et l'accord iranien, l'alternative c'est la guerre
Au cours des négociations qui ont précédé l'accord, Benjamin Netanyahou a suscité la polémique en tentant de le saboter, allant jusqu'à apparaître à une session du Congrès américain à Washington pour s'exprimer contre, sans pour autant s'accorder auparavant avec la Maison Blanche, règle protocolaire habituelle lors des visites de chefs d’Etat étrangers. C’était, en conjonction avec les républicains du Congrès, une insulte délibérée et une tentative évidente de porter atteinte au président américain.
Le point clé est que, malgré les fanfaronnades de Donald Trump concernant l'Iran et l'accord iranien, l'alternative c'est la guerre. Il faut rappeler au président et à ceux qui partagent son point de vue, qu'une telle guerre éclipserait le chaos actuel et le conflit en cours dans la région.
Il est utile de rappeler que les Etats-Unis ont échoué dans leur objectif de faire de l'Irak, pays mis à genoux après treize années de sanctions brutales, un satellite américain docile. Leurs forces militaires ont été incapables de pacifier le pays, comme elles ont été incapables de pacifier l’Afghanistan, c'est pourquoi l’incohérence et l’insouciance des déclarations de Donald Trump en politique étrangère et au sujet de l'Iran donnent une raison légitime de s'inquiéter.
Les deux Etats du Proche-Orient qui sont les principaux responsables de l'instabilité et du conflit dans la région dans son histoire récente sont Israël et l’Arabie saoudite. Les deux ont été créés et existent sur une base séctaire, et tous deux ont des agendas hégémoniques régionaux. Les deux perçoivent également l'Iran comme le plus grand obstacle lorsqu’il s’agit de la réalisation de ces projets. Quant à la Palestine, seules les personnes les plus malhonnêtes ou bercées d'illusions peuvent croire que la solution à deux Etats est possible. Benjamin Netanyahou dirige le gouvernement le plus extrême depuis plusieurs années, composé d'ultra-nationalistes, voire même racistes lorsqu’il s’agit du sort des Palestiniens.
Il est difficile de savoir si Donald Trump et son équipe sont conscients des conséquences éventuelles
Selon le droit international, Jérusalem n’est pas et n’a jamais été partie intégrante d’Israël. Son statut, d'après le Plan de partition de l’ONU de 1947, est celui d'une «ville internationale». Pourtant, au cours de ce qu'Israël appelle sa guerre d’indépendance et les Palestiniens al-nakba (la catastrophe), en 1948, le contrôle de la ville a été partagé entre Israël et la Jordanie, sur Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est respectivement. Cela a changé après la Guerre des six jours, en 1967, lorsque les Israéliens ont pris le contrôle de l'intégraliité de la ville, mais sans participation de l’ONU ou sanction internationale. Depuis cette époque, les Palestiniens considèrent Jérusalem comme la capitale d’un futur Etat palestinien, alors même que les Israéliens détruisent des maisons palestiniennes et construisent des colonies de peuplement dans cette partie de la ville.
Il est difficile de savoir si Donald Trump et son équipe sont conscients des conséquences éventuelles, si les Etats-Unis deviennent le seul pays à avoir son ambassade à Jérusalem, ou, s'ils sont au courant et qu'ils s'en fichent. Quoi qu'il en soit, ces conséquences serviront à unir les Palestiniens dans la résistance au mouvement et au gouvernement de Benjamin Netanyahou, comme ils ne l'ont jamais été depuis la première Intifada des années 1987-1993.
L'administration de Donald Trump doit comprendre que la justice pour le peuple palestinien n’est pas un supplément facultatif
Cela mettrait également la Russie dans une position délicate, étant donné l'influence et l'autorité qu'elle possède en tant que force stabilisatrice dans la région. En effet, ce n’est pas par hasard que Moscou a récemment accueilli des pourparlers de haut niveau entre le Fatah, le Hamas et le Jihad islamique qui ont donné lieu à la formation du Conseil national palestinien uni, dont les pouvoirs vont couvrir à la fois Gaza et l’ensemble de la Cisjordanie occupée.
Donald Trump ne peut pas logiquement décrire la politique étrangère de son prédécesseur au Moyen-Orient comme une catastrophe et prendre ensuite des décisions tout aussi désastreuses. Son administration doit comprendre que la justice pour le peuple palestinien n’est pas un supplément facultatif. La justice pour le peuple palestinien est une condition non négociable de la paix et la stabilité.
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