RT : Avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, un conflit d’intérêts entre la nouvelle administration et l’UE est-il possible ? Comment la montée de nouvelles forces politiques en Europe que certains qualifient d'anti-establishment pourrait-elle influencer les relations entre l’UE et les Etats-Unis ?
Sebastian Kurz (S. K.) : Je considère que l’Union européenne a besoin d’une politique forte et indépendante, peu importe qui occupe la présidence américaine. Un grand nombre de défis que l’Union européenne doit relever – par exemple, le problème des réfugiés et de l'immigration – étaient déjà connus avant l’élection de Donald Trump.
Je crois qu’on peut observer en fait que, partout dans le monde, beaucoup de gens ne sont pas satisfaits ni des systèmes politiques actuels, ni des partis existants
Je pense qu’à l’avenir les relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis seront bonnes. Il y aura sans doute une bonne coopération. Cependant cela ne contredit pas mon idée principale : l’Europe doit mener une politique forte et indépendante, intérieure comme extérieure. Je crois qu’on peut observer en fait que, partout dans le monde, beaucoup de gens ne sont pas satisfaits ni des systèmes politiques actuels ni des partis existants. Et ceux qui se prononcent pour certains changements, en apportant une vision nouvelle dans leurs discours, en proposant des idées fraîches, en principe, ont un avantage compétitif. Il peut s'agir de nouveaux partis en Europe.
Mais aussi des partis traditionnels, s’ils réussissent à se redéfinir ou à rejeter les conceptions qui sont probablement obsolètes et s'ils sont capables, en même temps, d’évoluer à l'interne. S’ils y arrivent, les partis consacrés peuvent avoir du succès. En tout cas, les nouveaux partis ont toujours une chance en démocratie et j’estime que c’est bien.
RT: Vous avez parlé de l’apaisement des tensions entre l’Est et l’Ouest – et vous semblez être un politicien qui essaie de défendre un tel point de vue – pensez-vous qu'au vu des circonstances actuelles, cela pourrait arriver au cours de votre présidence de l’OSCE, ?
S. K. : En tant que président de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe], je vais tenter de faire tout mon possible pour diminuer les tensions entre l’Est et l’Occident. Il y faut qu’il y ait plus de confiance entre les Etats membres de l’OSCE. La mentalité des blocs, qu’on a vue se former depuis la crise ukrainienne, doit être renvoyée à sa place habituelle ; il faut la réserver aux manuels d’histoire.
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