Dans un autre chapitre du voyage en sens inverse de Marco Polo, le président chinois Xi Jinping a fait une escale stratégique en Sardaigne, en Italie, sur sa route pour le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Lima, au Pérou. Pourquoi la belle Sardaigne ? Bien sûr, ce n’était pas pour effectuer une croisière sur un yacht de la Costa Smeralda. Ce sont les nouvelles Routes de la soie chinoises.
Huawei construit son plus grand siège européen en Sardaigne. Les Chinois veulent acheter le port de Cagliari, mais aussi son fabuleux pecorino sardo, un candidat sérieux au titre de meilleur fromage de chèvre de la planète. Sous forme de poudre, il nourrit déjà des millions de bébés chinois.
En outre, «Marco Polo» Xi a appelé sur les ondes de la télévision nationale chinoise ses citoyens à investir dans une invasion touristique de masse en Sardaigne. Il s’agit d’un plan de relance en Europe.
Parallèlement, le canard boiteux Obama qui se rend aussi à l’APEC passe le bâton intérimaire du «chef du monde libre» à Angela Merkel, chevreuil aveuglé par les phares de Donald Trump.
Il existe une vague possibilité d’un TPP soldé excluant les Etats-Unis
Le TPP à six pieds sous terre
Les images d'un Xi enthousiaste, comparées à celles d'un Obama découragé dans le contexte de la côte Pacifique de l’Amérique du Sud sera inestimable. A l’époque, dans les dynamiques années 1990, Bill Clinton dirigeait l’APEC en martelant l’agenda américain. Pour le moment, l'Asie-Pacifique ne doit pas seulement faire face aux Trumponomics protectionnistes, mais aussi au fait que le TTP (traité de libre-échange trans-pacifique), chéri par Obama, l’arme mercantile du «pivot vers l’Asie», est mort.
L’équipe de transition de Trump dirigée par Mike Pence lui a conseillé d’enterrer le TPP (qui comporte les Etats-Unis et 11 nations de la ceinture du Pacifique) pour de bon au cours de ses premiers 100 jours de présidence. Et la feuille de route va même plus loin, en lui conseillant également d’abandonner l’Accord de libre-échange nord-américain (NAFTA) si une longue liste de «concessions» ne parviennent pas à aboutir.
Des alliés américains découragés, le Japon, Singapour, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont tous compté sur l’ascension d’Hillary Clinton et l’intronisation du TPP tiendraient des réunions «secrètes» pour mettre sur pied un accord modifié au Pérou. Cela laisse supposer que les républicains au Capitole puissent se mettre d'accord avec Trump pour essayer de renégocier ce traité.
Il existe une vague possibilité d’un TPP soldé excluant les Etats-Unis. Les Etats-Unis et le Japon représentent environ 60% du PIB du groupe des pays concernés par le TPP. Un TPP sans les Etats-Unis serait donc totalement différent.
Et cela nous ramène à la contre-offensive subtile de Pékin qui combat le TPP avec les principes encore en discussion du Partenariat économique régional global (RCEP) qui regroupe des pays de l’Asie de l’Est. Par ailleurs, le Japon et la Malaisie, ainsi que l’Australie, des pays non-asiatiques mais néanmoins trois acteurs clés, soutiennent le RCEP.
Alors que les relations entre Trump et la Chine pourraient connaître des temps difficiles, Pékin peut être maintenant sûr que l’outil de commerce excluant la Chine du pivot vers l’Asie fait partie de l’histoire.
Il y a un autre redémarrage crucial, avec la Russie
Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Li Baodong, a exprimé cet évolution : «La Chine estime que nous devons établir un nouveau plan très pratique de travail pour répondre positivement aux attentes de l’industrie et maintenir l’élan et établir une région de libre-échange en Asie-Pacifique au plus tôt.»
Pas de TPP, mais plutôt un RCEP.
Tous ces redémarrages
Un nouvel accord Asie-Pacifique représentera certainement un redémarrage dans les relations sino-américaines.
Mais un autre redémarrage est crucial pour les Etats-Unis, avec la Russie.
Le canard boiteux Ashton «Empire des gémissements» Carter, chef du Pentagone, a «conseillé» à Trump et son équipe de ne pas coopérer avec la Russie sur la Syrie.
Il a été ignoré de manière solennelle.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a déclaré que Moscou voulait coopérer. Mais il a aussi indiqué que Moscou n’entendait pas «persuader la direction du Pentagone de changer quelque chose à cet égard».
La traduction diplomatique : vous, l’administration Obama, êtes morts, en ce qui nous concerne.
Finalement, la Chine profiterait d’un accord éventuel russo-américain sur la Syrie
Alors, il y aura un redémarrage. Cela sera extrêmement compliqué compte tenu l’élargissement de l’OTAN vers les frontières russes, la Crimée, la défense anti-missile américaine, les tentatives de révolution de couleur. Cela touchera toute l’Eurasie. Et cela commencera par la coopération en Syrie.
Pékin et Moscou ont conclu que Trump n’était pas un idéologue (au sens néoconservateur), il est un pragmatique. Des redémarrages sont inévitables. Il y pourrait même y avoir des surprises.
Trump pourrait tenter de rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) diabolisée par la moribonde administration Obama. Son plan d’infrastructure de 1000 milliards de dollars, entamé dans les années 1990, est quelque chose que la Chine a déjà réalisé. Ellen Brown a une proposition exceptionnelle : imprimer de l’argent et construire toute l’infrastructure nécessaire.
Finalement, la Chine profiterait d’un accord éventuel russo-américain. En reflétant la Route de la Soie originale, la Chine voit la Syrie comme un élément crucial de sa nouvelle Route de la Soie, coupée pour le moment. Dans un avenir pas trop lointain, Xi arriverait à Damas pour négocier des accords. Et appeler les touristes chinois à visiter la cité antique de Palmyre reconstruite.
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