J-F. Poisson : «Les socialistes français ne comprennent pas ce qui se passe au Moyen-Orient»

Quels que soient les désaccords entre la Russie et la France, le but premier doit être «de battre Daesh», et il faut donc consolider les efforts sans «perdre de temps», estime le député et candidat à la primaire de la droite Jean-Frédéric Poisson.

RT France : Que signifie l’annulation de la rencontre entre François Hollande et Vladimir Poutine pour les relations bilatérales entre les deux pays ?

Jean-Frédéric Poisson (J-F. P.) : Je ne comprends pas la position du président français François Hollande. A mon avis, aujourd’hui il faut consolider les relations entre la Russie et l’UE. Cela ne signifie pas obligatoirement que nous devons nous accorder sur chaque point de la politique étrangère de la Russie, la Russie, non plus, ne doit pas approuver chaque décision de notre politique étrangère. Il faut qu’on essaie au moins de dialoguer entre ces deux grands pays que sont la Russie et la France. C’est ce qui a été interrompu. Un problème s’aggravant entre la Russie et la France serait une source de risques énormes pour la région du Moyen-Orient.

RT France : La mésentente a dû s'aggraver avec le veto de la Russie au projet de résolution française sur la Syrie. Le gouvernement français en a-t-il fait suffisamment pour l’éviter ?

Il serait mieux pour nous, que, pour le moment, Assad reste au pouvoir en Syrie

J-F. P. : Les socialistes français ne comprennent pas clairement ce qui se passe au Moyen-Orient, et particulièrement en Syrie. J’ai toujours pensé qu’il était préférable pour les pays européens et pour le monde occidental en général, et pour le monde entier, que les islamistes n’arrivent pas au pouvoir à Damas. Parce que si les islamistes arrivent au pouvoir à Damas, il y aura des radicaux dans cette ville et dans ce pays. Et ça sera dangereux pour la région. Même si Bachar el-Assad est coupable d’un certain nombre de crimes, même s’il est une personnalité très polémique, il présente peu de risques pour la région et pour l’Europe.

Je crois, qu’il serait mieux pour nous, que, pour le moment, Assad reste au pouvoir en Syrie. Il faut donc lutter contre tous les radicaux islamistes dans la région, que ce soit Daesh, Al-Qaïda ou les Frères musulmans. Je crains que nous ne soyons pas en mesure de choisir, entre ces groupes radicaux terroristes, lequel pourrait arriver au pouvoir. Je crois qu’il faut combattre Daesh, en termes militaires, il faut vaincre Daesh. Et dans tous les cas, on ne peut le faire sans l’aide du régime syrien. Par conséquent, il faut donner le feu vert à la Russie dans cette lutte acharnée.

Il faut se dépêcher, on n’a pas de temps à perdre dans cette guerre

RT France : Quelle solution politique voyez-vous à la crise syrienne ?

J-F. P. : Le premier but est de battre Daesh. Une fois Daesh vaincu, il y aura du temps pour trouver une solution politique à la crise syrienne, parce qu’il y aura de très graves problèmes à résoudre. Par exemple : les déplacements de population, la crise sanitaire, la reconstruction du pays. Tout cela peut être résolu. Mais l’élimination de Daesh reste prioritaire. Après cela, il faudra régler la situation politique, reconstruire la Syrie. On aura du temps pour décider si Bachar el-Assad doit rester à la tête du pays, ou s’il doit partir. En tout cas, c’est à la population syrienne de décider par qui elle veut être dirigée. Ce n’est pas aux pays occidentaux d'en décider. D’un autre côté, si Assad est coupable de crimes, il doit être jugé, évidemment. Mais, encore une fois, c’est n’est pas la priorité d’aujourd’hui. Aujourd’hui, il faut battre Daesh. L’Europe occidentale, notamment la France, doit coopérer avec la Russie. Sinon, la victoire sur Daesh prendra plus de temps. Il faut se dépêcher, on n’a pas de temps à perdre dans cette guerre. Ce qui m’inquiète est qu’on perd du temps à cause de toutes sortes de tensions, toutes sortes de perturbations dans les relations entre la France, l’Europe occidentale et la Russie. On ne peut se satisfaire de cette situation. Je ne suis pas d’accord avec une telle façon de voir les choses concernant nos relations avec nos amis. Parce que, selon moi, les Russes sont nos amis.

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