L'ex-ministre du budget Eric Woerth qualifie le projet de «façade électorale», le député de la Drôme Hervé Mariton dénonce à son tour «la farce et l’artifice».
«Non, ce n’est pas vraiment un budget de campagne», estime l'économiste, directeur du département Economie de la mondialisation de l'Observatoire français des conjonctures économiques, Henri Sterdyniak.
Pour lui, le gouvernement est partagé entre un certain nombre de dépenses qu'il est obligé de faire - en matière, par exemple, de défense, de sécurité, d’aides à certains secteurs économiques comme l’agriculture - et des contraintes de Bruxelles, selon lesquelles le gouvernement est obligé de réduire assez nettement le déficit public. «Avec toutes ces contraintes le gouvernement a fait ce qu’il a pu», explique l'économiste. Ce n’est pas un budget où on ouvre fortement les dépenses et on défait les recettes. C’est un budget qui essaye de respecter les contraintes de Bruxelles.
Pour ce qui est des critiques du Haut conseil des finances publiques concernant le taux de 1,5% de croissance, prévu par le budget, que l'instance qualifie d'imprudent, Henri Sterdyniak rétorque que ce conseil composé de magistrats de la Cour des comptes «n’a aucune compétence en matière économique». Pour lui, il est normal de faire un budget avec une prévision tendancielle de croissance à 1,5%. Si, par hasard, la croissance est un peu plus faible, par exemple en raison du Brexit, le budget aura effectivement un déficit supplémentaire.
La promesse du ministre des Finances Michel Sapin de faire passer la France sous la barre des 3% de déficit des finances publiques paraît réalisable à Henri Sterdyniak : «Le tout c’est de savoir à quel prix.» Cependant si l’année prochaine la France connaît un ralentissement important, il faudra renoncer à cet objectif, estime l'économiste. Pour lui, le gouvernement essaye de le tenir en tentant de réduire un certain nombre des dépenses publiques, mais en cours d'année on peut toujours alléger, supprimer des dépenses, des investissements. «Le tout est de savoir si c’est souhaitable», se demande le chercheur. C’est le problème de la politique budgétaire : s’il y a un ralentissement l’an prochain, il faudra sans doute accepter un déficit un peu plus élevé.
Quant aux chiffres du chômage, l'économiste estime que le rythme de la croissance devrait les stabiliser. «Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures qui devraient permettre une légère baisse jusqu’à la fin de l’année, explique Henri Sterdyniak. Le chiffre d’août est le résultat des fluctuations qui se passent de mois en mois, cela ne reflète pas une tendance», conclut-il.