RT France :Le fait que François Hollande arrive à Calais après Nicolas Sarkozy, est-ce anodin ? Le premier est-il en retard dans sa campagne par rapport aux autres candidats ?
Jean Petaux (J. P.) : Non, rien n’est anodin dans la politique et rien n’est dû au hasard. Ce qui est sûr, c’est que François Hollande fait campagne et, incontestablement, la Jungle de Calais est l’un des problèmes inscrits à l’agenda et fait partie des lieux où il faut passer.
François Hollande est conduit à courir après les autres
Oui, sans doute, il est en retard : Alain Juppé y est allé au début de l’année 2016, sachant que le calendrier des uns et des autres n’est pas le même. Sur ce point précis non pas simplement de la visite à, Calais, mais de la préoccupation de la question de l’immigration incontrôlée et d’un abcès de fixation à Calais, François Hollande est conduit à courir après les autres. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas en avance sur d’autres sujets…
L’engagement que François Hollande a pris de conditionner sa nouvelle candidature à l’inversion de la courbe du chômage – cela devient un boulet pour lui
RT France : Plusieurs bloggeurs ont remarqué que le site en soutien de la candidature de François Hollande est lancé le jour où on annonce la hausse du chômage pour le mois d’août. Cela va-t-il ternir cette annonce ?
Jean Petaux (J. P.) : D’après ce que j’ai vu sur Twitter ce matin, le lancement de ce site a été repoussé, sans doute à cause de ces mauvais chiffres – 58 000 chômeurs de catégorie A en plus ! Donc, déjà, la conséquence a eu lieu, le lancement du site a été différé. Et on voit bien en écoutant les informations de ce matin, que l’engagement que François Hollande, semble-t-il, a pris, de conditionner sa nouvelle candidature à l’inversion de la courbe du chômage, cet engagement qu’il a pris très tôt dans son quinquennat, lui colle un peu au pied comme du caoutchouc ou du goudron – cela devient un boulet pour lui. Car comme l'a très bien dit l’éditorialiste Thomas Legrand, ne pas tenir ses promesses une fois qu’on a été élu, hélas, c’est presque une habitude pour tout le monde, mais ne pas tenir une promesse alors qu’on n’a pas encore été élu et qu’on n’est pas candidat, là c’est problématique. Après, c’est très difficile d’être crédible.
Si François Hollande est battu dès la primaire en janvier 2017, qu’en est-il de sa légitimité présidentielle pour rester à l’Elysée pendant encore quatre ou cinq mois ?
RT France : En ce qui concerne les primaires, pensez-vous que François Hollande va participer à la primaire de la gauche ? Quelles sont ses chances ?
Jean Petaux (J. P.) : Il ne peut pas faire autrement que de participer à la primaire, il l’a dit. Et il l’a dit parce qu’il pense qu’il va pouvoir battre son concurrent.
Un sondage est sorti hier, réalisé entre autres par le Centre d’étude de la vie politique française de Sciences Po Paris qui nous montre que, certes, au premier tour François Hollande vire en tête avec, je crois, 44% des intentions de vote. Arnaud Montebourg est très haut, il est deuxième et il n’est pas très loin d’Hollande et au deuxième tour ils feraient presque jeu égal. Déjà cette configuration qui fait que le président de la République en exercice doit se plier à cette épreuve de primaire, ce n’est pas quelque chose de simple. Il y a un problème de légitimité : la primaire va avoir lieu en janvier et l’élection présidentielle – le premier tour le 23 avril et le deuxième le 17 mai, si François Hollande est battu dès la primaire en janvier 2017, qu’en est-il de sa légitimité présidentielle pour rester à l’Elysée pendant encore quatre ou cinq mois ? C’est un vrai problème. Il n’aura même pas été capable d’être élu par cette fraction de l’électorat français qui correspondrait à des sympathisants socialistes.
Donc c’est un exercice qui en soi est compliqué mais si en plus cela se traduit soit par une défaite, soit par une mise en cause forte de sa légitimité, ça devient une situation quasi intenable.