RT : En quoi la coopération entre la Russie et les Etats-Unis dans la lutte contre les organisations terroristes comme l’Etat islamique ou le Front Al-Nosra est-elle importante ?
Hans-Jakob Schindler(H-J. S.) :Al-Qaïda et Daesh sont des organisations terroristes d’envergure mondiale. La coopération internationale est absolument indispensable à tous les niveaux et dans tous les aspects de la lutte contre ces groupes. A mes yeux, ces terroristes ne font pas de distinctions. Ils n’ont pas d’amis ni d’ennemis et donc tous ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux. C’est pour ça que ces deux organisations représentent une menace grave pour tous les pays du monde. Dès lors, plus la coopération internationale entre les services spéciaux, les polices et les forces armées sera développée, mieux ce sera.
Les réseaux terroristes se forment tout d’abord en s’appuyant sur une idéologie commune et se développent ensuite grâce aux relations personnelles
RT: Beaucoup de citoyens d’Europe démontrent qu’ils sont prêts à combattre dans les rangs de Daesh. Si l’organisation djihadiste perd du terrain en Syrie et en Irak, quelles sont les mesures prises pour éviter la montée en puissance de cette organisation terroriste en Europe ?
H-J. S. : C’est le problème le plus important que rencontre la communauté internationale depuis très longtemps. Le fait que des combattants aspirent à rejoindre des organisations à l’étranger n’est certes pas une nouvelle. Ce phénomène existe depuis des centaines d’années. Mais c’est vrai que l’ampleur des recrutements opérés par les terroristes en Syrie et en Irak depuis des pays étrangers – on parle de combattants venus d’une centaine de pays – est sans précédent. Vu les succès militaires qu’a connu la communauté internationale en Irak et en Syrie, notre groupe de suivi estime que nous allons repousser ces combattants hors de ces pays. Bien sûr, chacun a le droit de retourner dans le pays dont il est citoyen et ce pays est obligé de l’accepter. Cela augmentera certainement la menace pour la sécurité, puisqu’il s’agit de personnes radicalisées. Et même s’ils quittent la zone de conflit, déçus par l’organisation terroriste, ils représenteront toujours une menace pour l’Etat dans lequel ils se retrouveront, parce qu’ils resteront membres d’un réseau terroriste. Au Conseil de sécurité [de l’ONU], notre groupe a montré ces derniers mois qu’en dépit de la forte compétition au niveau «stratégique» qui existe entre Daesh et al-Qaïda, différents pays – la France, la Belgique et jusqu’au Kenya – ont constaté l’année dernière que les membres d’Al-Qaïda et de Daesh allaient parfois jusqu’à se soutenir mutuellement. Les membres de Daesh ont porté assistance aux combattants d’al-Qaïda au Kenya, alors que des unités d’al-Qaïda ont aidé les terroristes à Paris et à Bruxelles. Autrement dit, au niveau tactique, la concurrence entre ces organisations n’existe pas vraiment. Les réseaux terroristes se forment tout d’abord en s’appuyant sur un idéologie commune et se développent ensuite grâce aux relations personnelles, alors que dans le cas qui nous concerne, les groupes ne se font plus concurrence.
Nous disposons de beaucoup plus d’informations que dans le passé
RT: Qu’est-ce qui est déjà mis en œuvre pour éviter de nouveaux attentats ?
H-J. S. : Je répète toujours que nous possédons un grand avantage, celui d’avoir des informations plus ou moins complètes sur ceux qui partent en Syrie. La situation est bien différente de celle qui prévalait dans les années1980 et 1990, quand on ne pouvait pas connaître les identités de ceux qui partaient en Afghanistan. Aujourd’hui, nous pouvons naturellement suivre de plus près les flux des personnes qui rentrent en Europe ou dans une autre région depuis l’Irak ou la Syrie. Ce suivi est nécessaire et aujourd’hui, nous disposons de beaucoup plus d’informations que dans le passé.
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