Après l’Ukraine, «l’OTAN veut éliminer toute influence russe dans les Balkans»

Plus que de simples manifestations, c'est une révolution de couleur, comme celles qui se sont répandues dans les pays de l’ex-URSS, qui touche en ce moment la Macédoine, explique Mike Jones, rédacteur au magazine Culture Wars.

Lundi 6 juin, des manifestants à Skopje, la capitale macédonienne, ont réclamé le départ du gouvernement. Les premiers grands rassemblements nationaux ont commencé il y a presque deux mois après que le président Gjorge Ivanov eut gracié des hommes politiques impliqués dans un énorme scandale d’écoutes téléphoniques. Le président a annulé sa grâce mais sans obtenir l’apaisement.

C’est une tentative de renversement du gouvernement

RT : Le président macédonien a annulé la grâce qu’il avait accordée aux hommes politiques impliqués dans le scandale des écoutes téléphoniques. Pourquoi les manifestations ne s’arrêtent-elles pas ?

Mike Jones (M. J.) : Parce que ce ne sont pas de vraies manifestations. S’il s’agissait d’une grève et que l’entreprise revenait en arrière et augmentait les salaires, la grève serait terminée. C’est une révolution de couleur, comme celles qui se sont répandues dans les pays de l’ex-URSS. C’est une tentative de renversement du gouvernement et donc, l’annulation de ce qui a déclenché les manifestations sera insuffisante pour y mettre un terme.

RT : On a pu voir beaucoup de policiers lors de ces rassemblements. Cela signifie-t-il que le gouvernement se sent menacé ?

M. J. : Oui, ils devraient se sentir menacés. Tout d’abord nous devons nous demander : qu’est-ce que la Macédoine d’ailleurs ? C’est un pays qui est né en 1991 ; c’était une province de la Yougoslavie. Maintenant pourquoi est-ce un pays ? Pourquoi est-ce que la Bosnie est un pays ? Parce que l’OTAN, les Etats-Unis, l’Allemagne ont décidé de démembrer la Yougoslavie, parce qu’elle représentait une menace pour leurs intérêts et parce que la Serbie gardait des liens avec la Russie. Maintenant que l’agression de l’OTAN contre la Russie s’enlise en Ukraine, nous observons une «ukrainisation» de la Macédoine – c’est juste un nouveau front de la même guerre.

Cette manifestation contre le gouvernement est un pas vers l’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne

RT : Pensez-vous que les manifestations puissent cesser sans que le gouvernement actuel ne démissionne ?

M. J. : Non, ils veulent installer un gouvernement pro-occidental. Ils veulent isoler la Serbie de plus en plus. Ils veulent éliminer toute influence russe dans les Balkans. C’est le but. Donc toute concession ne provoquerait que plus de demandes. C’est une impasse.

RT : Quel impact ces rassemblements contre le gouvernement peuvent-ils avoir pour la candidature de la Macédoine à l’adhésion à l’Union européenne ou à l’OTAN ?

M. J. : Cette manifestation contre le gouvernement est un pas vers l’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne. C’est leur façon de forcer [l’adhésion]. C’est comme ça que je le vois. Je ne vois aucune autre raison. Ils veulent accélérer le démembrement de ce qu’il reste de la Serbie et de ce qu’il restait de la Yougoslavie et, ce faisant, éliminer l’influence russe dans les Balkans. Je ne vois aucune autre explication à ces événements. 

LIRE AUSSI : Des manifestants ont saccagé le bureau du président macédonien