RT France : Que signifie pour vous l’annonce du retrait de Syrie des forces russes ?
Gérard Bapt (G. B.) : Je ne pense pas que ce soit le retrait des forces russes qui compte, je pense que c’est le retrait de la participation directe aux actions terrestres. Et je ne pense pas que l’aviation militaire russe va s’arrêter d’intervenir, notamment contre l’Etat Islamique et contre al-Nosra.
RT France : Pensez-vous que cette annonce est liée aux pourparlers à Genève ?
G. B. : Il me semble que ce n’est pas un hasard si cela arrive la veille de l’ouverture des négociations de Genève, et que c’est aussi pour mettre au pied du mur tous les protagonistes, qu’il s’agisse des protagonistes locaux – et je pense en particulier au gouvernement syrien, à Bachar el-Assad, et à la Turquie – ou d’autres protagonistes plus lointains, notamment, les Américains et les Iraniens. Je pense que, peut-être de concert avec les Américains, le président Poutine ne veux pas être engagé dans ce qui pourrait être un conflit entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, qu’il veut s’en tenir à la scène syrienne proprement dite et la stabiliser.
Les Russes pensent visiblement que la situation est suffisamment stabilisée sur le terrain pour pouvoir désormais aller vers une résolution pacifique du conflit
RT France : Comment la situation devrait-elle évoluer à la suite de l’annonce de Poutine et des pourparlers ?
G. B. : Nous allons voir, d’abord, les réactions des autres pays et des autres acteurs, notamment en ce qui concerne les représentants de groupes armés qui n’obéissent pas au doigt et à l’œil à l’Arabie saoudite ou au Qatar. Cette annonce est en quelque sorte une main tendue pour aller vers la paix. Les Russes pensent visiblement que la situation est suffisamment stabilisée sur le terrain pour pouvoir désormais aller vers une résolution pacifique du conflit. Cette paix, si elle a lieu, va se faire surtout avec les Etats de la région, mais aussi avec les Américains et l’Iran, ce à quoi il faut ajouter la bonne volonté de tel ou tel chef de guerre rebelle.
Lire aussi : Le Front al-Nosra annonce une offensive en Syrie dans les 48 heures
RT France : Le président Poutine a justifié le début du retrait en expliquant que les objectifs fixés par le ministère de la défense avaient été atteints. Pensez-vous que ce soit le cas?
G. B. : Ce n’est pas tout à fait le cas, puisque, par exemple, on avait annoncé la reprise de Palmyre par un effort conjoint des forces syriennes et russes. Donc, à cette égard, il faudra observer l’évolution, mais à Palmyre, c’est toujours l’Etat Islamique [qui contrôle la ville]. Je pense que la Russie est toujours en guerre avec l’Etat Islamique à cause des dangers que certains groupes peuvent faire courir à la Russie ou à des Etats voisins de la Russie.