RT : Comment se passe votre campagne ?
Dr. Jill Stein (J. S.) : Ça se passe très bien, ça va faire un carton. Il y a une rébellion en cours aux Etats-Unis, tout comme dans une grande partie du monde, et pour une bonne raison : nous sommes en crise et les gens souhaitent vraiment voir un changement. On ne peut pas avoir une révolution à l’intérieur d’un parti contre-révolutionnaire. C’est une grande lutte, une lutte profonde et longue. On ne peut pas simplement passer la main à Hillary Clinton et nous pensons que Bernie Sanders mène une campagne très forte sur des principes, qu’il mène la vague de la révolte. Mais, malheureusement, il est dans un parti qui est connu pour saborder ses rebelles. Il a fait du bon travail en la matière dans le passé, à commencer par Dennis Kucinich, en passant par Jesse Jackson et jusqu’à Howard Dean où il a choisi pour la campagne de ce dernier Le cri de Dean et fait ainsi échouer sa candidature. Jesse Jackson a lui aussi été sabordé par une campagne de la Convention nationale démocrate. Le Parti démocrate refreine ses rebelles à sa façon.
En fin de compte aux Etats-Unis, nous sommes dans un système politique qui est financé par des banques prédatrices, par des géants de l’énergie fossile et par des profiteurs de guerre. Donc, nous avons vraiment besoin de rejeter ce système, on dit rejeter le moindre mal afin de pouvoir se lever et se battre réellement pour le bien du plus grand nombre.
RT : Supposons que Donald Trump soit le candidat du Parti républicain et que Hillary Clinton soit celui des démocrates. Pourriez-vous nous décrire ces deux adversaires probables ?
On ne sait pas si les républicains vont permettre à Donald Trump d’obtenir l’investiture
J.S. : Malheureusement, ils ont énormément de choses en commun. Ils soutiennent tous les deux une armée forte, ils soutiennent un budget dans lequel 54% des dollars prélevés par le fisc va à l’armée pour se battre dans des guerres qui ne font ni des Etats-Unis ni du monde, un endroit plus sûr. Elles nous retombent dessus avec fureur, en faisant tomber des Etats en déliquescence, en créant la crise des réfugiés et notamment les pires menaces terroristes. Ils sont tous les deux vraiment très représentatifs de l’oligarchie : Hilary Clinton qui a siégé au conseil d’administration de Walmart. Il n'y a pas d’entreprise plus oppressante pour les droits des travailleurs et des femmes que Walmart.
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S’agissant de Donald Trump, c’est difficile de dire exactement quelles sont ses opinions, car il change d’avis tout le temps. Une chose est très claire, il a une opinion négative des immigrants. Il ne comprend pas que dans notre pays, nous sommes tous des immigrés et qu’en fait, les immigrés incarnent concrètement la vitalité et la diversité de notre population, de notre économie, de notre culture. C’est une chose très dangereuse, une pente glissante vers le fascisme. Il n’y a rien d’inspirant, d’éclairant dans chacune de leur campagne.
Ils représentent tous deux l’oligarchie et en l’état, on ne sait pas si les républicains vont permettre à Donald Trump d’obtenir l’investiture. Le bruit court que Paul Ryan serait le candidat négocié lors de la Convention républicaine. Il représente en quelque sorte l’establishment du parti républicain, qui est en guerre avec Donald Trump.
RT : Donald Trump semble être au bord d’une politique de style mussolinien. Une sorte de fascisme ne se cache-t-elle pas dans sa tête blonde ?
J.S. : Je suis tout à fait d’accord avec vous. Depuis le début, quand il a commencé à qualifier les immigrés mexicains de violeurs et d’assassins, en passant par ses conseils d’exécuter les membres de la famille des terroristes présumés et ses souhaits d’interdire de séjour sur le territoire américain tous les musulmans... Ce sont des choses très effrayantes et c’est ce à quoi la démagogie ressemble...