Trump-la-mort : Donald va-t-il trop loin en qualifiant la guerre d’Irak de «grosse erreur» ?

Donald Trump semble jouer sa candidature aux élections générales et viole le 11e commandement de Reagan, indiquant qu'il ne faut pas dire du mal de ses collègues républicains, explique Ted Rall, écrivain politique et dessinateur de presse américain.

Les six candidats républicains à la présidence se sont affrontés samedi dans un dernier débat avant la primaire cruciale de Caroline du Sud le 20 février. Le favori Donald Trump a eu une série d’échanges violents avec ses rivaux, durant lesquels il a accusé George W. Bush de «ne pas avoir assuré la sécurité des Etats-Unis» en échouant à éviter les attentats du 11 septembre 2001, et qualifié la guerre d’Irak de «grosse erreur» qui a «déstabilisé le Moyen Orient». 

RT: Des relations avec la Russie à la guerre contre le terrorisme, les positions de Donald Trump contrastent extrêmement avec celles du reste du camp républicain. Comment Trump a-t-il réussi à gagner un soutien si large des électeurs du parti ?

Ted Rall: C'est vraiment remarquable. Trump viole complètement l'idée du commandement républicain énoncé par Ronald Reagan ordonnant de ne jamais critiquer ses collègues républicains, en s’attaquant ici au président George Bush qui a envahi l'Irak, et à tous les Républicains sur scène qui ont soutenu la guerre et le militarisme en général. Trump semble jouer pour une candidature aux élections générales. S’il est le républicain désigné, cela l'aidera dans la course contre Bernie Sanders ou Hillary Clinton – peu importe qui sera le candidat démocratique à l’automne. Ca n’a pas très bien marché devant le public de Caroline du Sud. Mais le vrai public est celui devant la télévision. Il reste à voir comment la vaste majorité des Américains, qui croient, selon les sondages, que la guerre d’Irak a été une erreur, le prendra. Il se pourrait que l’Irak ne soit pas du tout une préoccupation majeure cette année.

Il semble être un réaliste « international » et il n'a pas besoin de beaucoup de conditions préalables pour parler avec d'autres pays et rivaux des Etats-Unis

RT:Contrairement aux autres Républicains qui prennent part au débat, Donald Trump semble plus amical envers à la Russie. Pourquoi y a-t-il un tel contraste ?

TR: Je pense qu'il est plutôt réaliste. C’est un homme d'affaires, quelqu'un qui a eu beaucoup d’affaires de par le monde entier, y compris en Russie. Il reconnaît, par exemple, que la Russie a joué un rôle décisif en Syrie dans le combat contre Daesh. Les Etats-Unis ont été confus et ont fait même plus de mal que de bien en – dans certains cas – soutenant les djihadistes radicaux. Il a même lancé l’idée de, potentiellement, coopérer avec l'Iran, chose qu'il a plutôt évité dernièrement. Il semble être un réaliste « international » et il n'a pas besoin de beaucoup de conditions préalables pour parler avec d'autres pays et rivaux des Etats-Unis, y compris la Russie. 

Ce que les Républicains peuvent faire, c'est essayer de créer une coalition entre ses rivaux afin qu'ils ne divisent le vote anti-Trump

RT: Trump est certainement un homme d'affaires qui a réussi et un amuseur, mais possède-t-il vraiment tous les qualités nécessaires pour diriger la Maison-Blanche ? 

TR: Oui, c'est la question que tout le monde aux Etats-Unis et probablement dans le monde entier se pose de plus en plus. Il lui a été demandé ce qu'il ferait et sa réponse semble être: «Je ne sais pas vraiment, mais j’embaucherai des gens vraiment géniaux et je me débrouillerai, si je suis élu.»

RT: Il y a encore beaucoup de temps avant que les Républicains ne choisissent un candidat pour se présenter contre le candidat démocrate pour la présidence. Quel genre de tactique peut être utilisée pour balayer Trump avant la convention nationale républicaine en juillet, si vous pensez qu'ils ne le veulent pas comme candidat de leur parti?

TR: Le parti républicain n'a pas le système de super-délégués utilisé par le parti Démocrate pour entraver l'insurrection de Bernie Sanders contre Hillary Clinton. Mais ce que les Républicains peuvent faire, c'est d'essayer de créer en avance une coalition entre ses rivaux afin qu'ils ne divisent le vote anti-Trump. En ce moment, Trump a environ 44% dans les sondages nationaux. 44%, ça n'est pas 51%. Si deux ou trois de ces rivaux principaux consentaient à abandonner la compétition et à soutenir un des candidats restants, un des plus forts, comme par exemple, le sénateur du Texas Ted Cruz, ou Marco Rubio de Floride, alors vous pourriez voir un scénario où Trump serait sorti probablement avant la convention républicaine.

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