La situation sanitaire au Liban
«La situation continue de se détériorer et nous sommes très préoccupés par la propagation des maladies et des épidémies. Nous craignons une répétition de la situation que nous avons connue à Gaza, où la poliomyélite est réapparue après 25 ans d’absence. Nous craignons qu’avec la détérioration des conditions sanitaires, la même chose ne se produise au Liban. En outre, il existe des risques liés à la concentration de gens dans un espace restreint, ce qui facilite la propagation des bactéries et des microbes et peut conduire à l’émergence de nouvelles maladies et à la réapparition d’anciennes, même celles pour lesquelles il existe des vaccins. La guerre, le manque de centres de soins et l’exode massif des professionnels de la santé risquent d’entraîner une baisse du taux de vaccination des enfants. La situation dans la région est donc difficile et s’aggrave de jour en jour.
Les tragédies auxquelles nous avons malheureusement dû faire face et dont nous avons tiré les leçons dans notre travail dans la région, ainsi que celles auxquelles nous sommes actuellement confrontés à Gaza, montrent que certaines blessures et commotions, fractures et autres traumatismes contondants, sont très complexes et nécessitent une chirurgie hautement qualifiée. Dans la situation actuelle, il n’est pas possible pour un petit pays comme le Liban de faire face à l’augmentation considérable des besoins en équipements et en anesthésiques nécessaires pour des opérations sophistiquées. Nous devons donc aider le ministère libanais de la Santé qui fait un travail remarquable sous l’égide du ministre de la Santé. Il y a des défis logistiques, ainsi que ceux liés à la re-formation du personnel médical qui pourrait venir à manquer aux moment et dans le lieu voulus. De plus, nous ne savons pas quand et où les attaques auront lieu, ni quelle en sera l’ampleur. Il faut donc beaucoup plus de temps que dans un pays stable pour que les patients et le personnel médical arrivent à l’endroit requis pour fournir des soins médicaux. Or tout retard dans le traitement peut entraîner une inflammation infectieuse ou un sepsis. Même si la personne aurait pu être aidée par un traitement approprié dans des conditions normales, il est très difficile de le faire dans la situation actuelle.»
Une aide insuffisante pour le Liban et Gaza
«En ce qui concerne le rapport entre nos besoins et l’aide qui nous parvient, nous ne recevons que 20 à 30% des ressources nécessaires pour le Liban et les territoires palestiniens occupés. Nous avons besoin d’un soutien encore plus considérable de la part des donateurs. Notre objectif est de faire connaître nos actions et de présenter les rapports nécessaires pour rendre notre travail et nos besoins transparents.
Malheureusement, la guerre à Gaza dure depuis déjà un an et il y avait déjà des problèmes là-bas. Mais nous craignons que la crise ne touche le Liban et n’entraîne des problèmes encore plus graves que ceux à Gaza où presque tout est complètement détruit et où la situation est tragique.»
Pas de preuve de l’utilisation des infrastructures médicales à des fins militaires à Gaza
«Nous n’avons vu aucune preuve de la présence d’armes ou de l’utilisation des infrastructures médicales à des fins militaires. C’est pourquoi, en vertu du droit international, nous demandons d’assurer la protection de tout ce qui est lié à la santé publique. Au milieu d’une guerre en cours, il est impossible de fournir des soins à tous ceux qui en ont besoin sous la menace des armes.»