Sanctions contre RT : «Le pluralisme est malade aux États-Unis»

Les États-Unis ont introduit une nouvelle série de sanctions contre RT et certains de ses responsables. En cause, l'ingérence présumée des médias russes dans l'élection présidentielle américaine de novembre 2024. Guy Millière, chercheur au Gatestone Institute, nous livre ses réflexions sur le sujet.

RT en français : Сomment voyez-vous cette nouvelle décision du département du Trésor américain d’imposer de nouvelles sanctions contre RT ?

Guy Millière : Je dirais que cette décision est tout à la fois ridicule et inquiétante. Elle est ridicule parce qu'effectivement, RT n'est pas accessible sur le territoire américain. Elle est ridicule aussi parce qu'il y a une multitude de points de vue qui s'expriment aux États-Unis. Le pluralisme actuellement est malade aux États-Unis parce que toutes les grandes chaînes sont quasiment aux mains du Parti démocrate.

RT en français : Pourquoi cette décision serait-elle inquiétante selon vous ?

G. M. :  C'est dans la mesure où je pense que les sondages dont dispose la campagne démocrate de Kamala Harris ne sont pas très bons et que les démocrates s'attendent à une victoire possible de Donald Trump et entendent entacher cette victoire d'accusations nouvelles de collusion avec la Russie, d'influence de la Russie pour contester le résultat des élections. C'est quelque chose qui ressemble à une répétition de ce que les démocrates ont fait en 2016 où ils ont accusé Donald Trump de collusion avec la Russie, collusion inexistante bien évidemment. Les démocrates n'ont pas beaucoup d'imagination lorsqu'il s'agit de contester les élections et leurs résultats. Et ils se tournent immédiatement vers la Russie. Ils l'ont fait en 2016. Je pense que c'est ce qu'ils entendent faire en 2024 si les résultats ne sont pas conformes à leurs espérances.

RT en français : Donc cette décision d'imposer de nouvelles sanctions serait liée à la prochaine élection présidentielle ?

G. M. :  Oui, tout à fait. Je pense que si les démocrates étaient certains que Kamala Harris a toutes les chances de gagner, ils n'utiliseraient pas ce genre de subterfuge. Mais actuellement, les sondages vont plutôt dans le sens de Donald Trump. Une bonne façon de contester la victoire potentielle de Donald Trump est une nouvelle fois d'accuser faussement la Russie. Ça manque d'imagination. Et c'est absolument grotesque.

RT en français : Pourquoi ?

G. M. : Personne aux États-Unis ne croira à cela. Cela indique plutôt que la candidature de Kamala Harris se porte très mal. Il doit y avoir un débat la semaine prochaine sur une des trois grandes chaînes américaines, ABC. Et il est évident que Kamala Harris a peur de perdre le débat. Des gens disent qu'elle veut sortir du débat d'une manière ou d'une autre. Effectivement, si le débat se passe mal pour elle, et il y a de grands risques que le débat se passe mal pour elle, Kamala Harris va se retrouver dans une situation où elle sera certainement battue à l'élection.  Dans ce cas-là je pense que les démocrates vont dire : «Si elle a été battue, c'est que les conditions n'étaient pas équitables, c'est qu'il y a eu une influence de la Russie sur l'élection. Et nous ne reconnaissons pas le résultat de l'élection.» C'est une manœuvre antidémocratique de la part de l'administration Biden qui est en train de se mettre en place actuellement.