Chroniques

À quoi Donald Trump devrait faire attention lors de son débat avec Kamala Harris

L’ancien président devrait rester prudent lorsqu’il s’agit de mettre en cause la vice-présidente en raison de son sexe et de sa race, selon Robert Bridge.

 

Notez bien, mesdames et messieurs, que Kamala Harris a fait quelque chose d’extraordinaire. Elle est devenue la seule personnalité en un demi-siècle à être désignée comme candidate à la présidence sans avoir remporté un seul vote lors des primaires. La vice-présidente de Biden a obtenu suffisamment de votes de délégués lors du vote électronique pour devenir la candidate officielle du parti démocrate. Il est remarquable que sans gagner de voix, cette femme extrêmement incompétente s’est rapprochée un peu plus, et de manière miraculeuse, du Bureau ovale.

Mais le choc et l’effroi ne s’arrêtent pas là, vous feriez mieux de vous asseoir. Le monstre médiatique institutionnel et à 100 % légitime, la main trempée de sang sur le cœur, relate : Harris est désormais plus populaire que Joe Biden ou Donald Trump ne l’ont été à aucun moment du cycle électoral de 2024.

Effectivement, un sondage mené entre le 26 et le 28 juillet par Morning Consult auprès de 11 538 électeurs inscrits, a révélé que 50% d’entre eux avaient une opinion favorable de la vice-présidente en exercice, alors que 46% en avaient un avis défavorable. Selon l’institut de sondage, « la cote de popularité nette de Harris, qui est de 4 points, est plus élevée que celle de Biden ou de Trump au cours de toute la période ».

Se peut-il que quelqu’un gobe cela, à part ceux qui préféreraient voir Donald Duck comme leur commandant en chef plutôt que Donald J. Trump ?

La chouchoute fortement antipathique de l’État profond 

N’oublions pas d’ailleurs qu’il s’agit de la même candidate incroyable et brillantissime dont les rêves présidentiels avaient été anéantis (pour un temps) en moins de 5 minutes par la persévérante Tulsi Gabbard dans le cadre des primaires démocrates de 2020. Cela n’a pourtant rien à voir avec la chouchoute fortement antipathique de l’État profond mais plutôt avec un petit problème, connu dans les milieux politiques comme le flux de trésorerie — le principal lubrifiant qui a permis de « glisser » les individus les plus indignes aux postes de pouvoir au cours de nombreuses décennies. 

Comme l’a rapporté CNBC, peu après le fiasco lors de son débat, « étant donné que Harris a pris du retard par rapport à l’ancien vice-président Joe Biden et à la sénatrice Elizabeth Warren entre autres, certains des principaux collecteurs de fonds de Harris ont eu des difficultés à convaincre les membres de leurs réseaux de verser des chèques à sa campagne. Dans certains cas, un bon nombre de ses parrains ont fait savoir à la campagne qu’ils n’organiseraient pas d’événements pour elle ».

Elle a levé deux fois plus d'argent que Trump en juillet

Maintenant, quatre années ternes plus tard, sans avoir un projet significatif à son actif, l’argent n’est plus un problème pour Kamala Harris, femme noire, Américaine d’origine asiatique, recrue ultime du Parti démocrate en termes d’EDI (Equité Diversité Inclusion). La campagne de Harris a annoncé ce week-end avoir récolté 310 millions de dollars en juillet, soit plus du double de ce qu’a récolté Trump le mois dernier, soulignant ainsi l’évidence : pour quelque raison que ce soit, la machine financière et médiatique tourne et retourne à plein régime pour la gauche politique, comme cela a été le cas depuis des temps immémoriaux, et gare au mortel qui pense que cela a quelque chose à voir avec les vautours assoiffés de pouvoir perchés sur la colline du Capitole, en attente de leur prochain repas.

C’est donc là que Trump a toutes les raisons de se méfier des marchands de médias, même s’ils s’avèrent être les traîtres invétérés de FoxNews, jouant l’arbitre « neutre » dans les débats à venir. En tant que preuve, s’il en était besoin, voici ce que Harris, et non une doublure générée par l’IA, a proféré il y a quelques jours lors d’un rassemblement :

« Donald Trump ne se soucie pas de la sécurité des frontières ; il ne se soucie que de lui-même », a déclaré la reine invisible des frontières devant une foule de partisans en adoration. « Et quand je serai présidente, je travaillerai pour résoudre le problème ».

Le fait que Kamala Harris soit capable d’émettre de telles absurdités sans réactions ni rires, montre que les médias abrutissent le peuple américain et ne jouent pas franc jeu avec Trump.

Mais dans sa lutte perpétuelle contre les forces médiatiques de la gauche, Trump a le talent certain d’être son propre Dark Vador, notamment en raison de sa propension à dire ce qu’il pense, et la vérité de temps à autre, peu importe qui cela peut blesser. À une époque moins démente, cela était connu et salué comme de la franchise.

Considérez par exemple l’interview extrêmement hostile de l’ex-président lors de la conférence de l’Association nationale des journalistes noires la semaine dernière.

« Je la connais depuis longtemps de manière indirecte », a fait savoir Trump à propos de sa rivale politique. « Elle s’est toujours dite d’origine indienne et elle ne faisait que mettre en avant son origine indienne. Je ne savais pas qu’elle était noire jusqu’à il y a quelques années, où elle est soudainement devenue noire. Et maintenant, elle veut être reconnue comme noire.

« Je respecte l’un et l’autre », a-t-il ajouté, « mais pas elle apparemment, parce qu’elle était Indienne pendant longtemps, et puis tout d’un coup, elle a changé et... elle est devenue Noire... Quelqu’un devrait se pencher sur cette question. »

« Est-elle Indienne ou Noire ? »

« Est-elle Indienne ou Noire ? » demande-t-il, totalement impassible malgré les sifflements de la foule.

En ces temps de diversité absurdes, ce n’est pas la première fois qu’un homme politique a été critiqué pour ne pas être Indien, Noir, Séquoia, ou quoi que ce soit d’autre. En 2019, la sénatrice Elizabeth Warren s’est soumise à un test ADN pour prouver qu’elle était, comme beaucoup le soupçonnaient depuis le début, une démocrate très blanche du Massachusetts et non un membre de la nation Cherokee. La question de la race, cependant, n’était pas aussi évidente lorsqu’il s’agissait de Harris. Là, Trump a fourni inutilement à son adversaire et aux médias lamentables une caisse de munitions gratuites en remettant en question l’identité noire de Harris alors que la polémique enflait. Et même s’il serait amusant d’utiliser l’argument que Harris a dissimulé 50 % de sa lignée raciale pendant la majeure partie de sa vie, ce serait déformer les faits.

Âgée de 59 ans, Harris est la fille d’un père originaire de la Jamaïque et d’une mère originaire de l’Inde, tous deux immigrés légaux. Bien que ses parents aient divorcés lorsque Harris n’avait que sept ans, et qu’elle ait continué à vivre avec sa mère, cela ne l’a pas éloignée de la culture noire.

D’après le Wall Street Journal, elle a été élevée dans un quartier majoritairement noir de Berkeley, en Californie, parce que, dit-elle, « sa mère pensait que ses filles seraient un jour considérées comme des femmes noires et voulait qu’elles soient entourées par des modèles forts ».

Harris a fait ses études à l’université Howard, un établissement historiquement noir de Washington D.C., et est membre d’Alpha Kappa Alpha, une sororité noire.

Il va sans dire que la Maison Blanche s’est régalée avec l’incursion imprudente de Trump dans des affaires aussi étrangères.

« Ce qu’il vient de dire, ce que vous m’avez lu, est répugnant et insultant », a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. « Personne n’a le droit de dire à quelqu’un qui il est, comment il s’identifie. »

Trump va-t-il se jeter dans la gueule du loup ?

S’il est douteux que Trump ait réellement dit à Harris qui elle était, la manière dont des millions de Noirs américains interpréteront les commentaires de Trump est une autre question. Quoi qu’il en soit, il s’est préparé à ce qui pourrait être un échange très inconfortable, voire désastreux, avec Harris, qui, en tant qu’orateur bien moins accomplie que Trump, saisira toute occasion de jouer la carte de la victime. Et Trump, malgré lui, vient de lui donner l’as de pique.

En plus de la carte raciale, Trump se jettera également dans la gueule du loup en tant que « criminel condamné », misogyne et militant anti-avortement, des refrains que Harris est certainement en train d’apprendre par cœur.

Quelle que soit l’issue de cette tragicomédie, attendez-vous à beaucoup de lamentations et de leçons de la part de la candidate féminine (cocher), noire (cocher) et indienne (cocher) qui tente de se présenter comme l’outsider méritante dans un jeu d’homme blanc.