Chroniques

Une nouvelle détente : Poutine et Biden vont-ils conclure un accord ?

Le Kremlin semble avoir décidé qu’il valait mieux traiter avec Biden-Harris plutôt que d’attendre Trump.

La Russie est pleinement satisfaite de l’échange de prisonniers qui a eu lieu le 1er août à Ankara, ont rapporté les médias occidentaux, citant des sources issues des agences respectives de leurs pays. Par ailleurs, à Washington et dans les capitales d’Europe occidentale, cet événement est présenté comme une avancée diplomatique majeure. Cela pourrait même être un prélude à de nouvelles négociations entre Moscou et Washington.

Il s’agit de l’échange le plus important de l’histoire moderne russe, non seulement en termes de nombre de personnes impliquées, mais aussi de leur statut. Cette fois, ce n’étaient pas seulement des étrangers condamnés dans notre pays qui ont été libérés, mais aussi des citoyens russes qu’on peut appeler des critiques du régime politique actuel et de ses dirigeants. Inutile de les nommer encore une fois. Cette information figure partout dans les médias et a été répétée à maintes reprises.

Il convient de rappeler que rien de tel ne s’est produit depuis l’époque de la Guerre froide. Ainsi, nous avons une preuve de plus que l’histoire se répète peu ou prou : le déploiement de missiles en Europe occidentale, les exercices nucléaires en Russie, la détérioration des relations diplomatiques... tous les signes sont là. Néanmoins, cet événement est positif pour ce qui est de réduire les tensions internationales et peut-être de contribuer à la détente. C’était d’ailleurs un mode à la mode dans les années 1970.

Les hauts responsables américains étaient d’humeur festive. Joe Biden a tenu un discours à la Maison Blanche, entouré des familles de ceux qui ont été échangés. Kamala Harris, candidate démocrate à la présidence, a pris l’avion de Houston à Washington pour les rencontrer. Ils ont donc été accueillis au plus haut niveau.

Il semble également que le Kremlin ait de grands doutes quant aux chances de victoire de Donald Trump. Deuxièmement, ce n’est un secret pour personne, il est beaucoup plus facile de négocier avec le Parti démocrate en général et la faction Biden-Obama-Harris en particulier. C’est ce à quoi nous assistons. Rappelons également que l’un des premiers décrets de Biden après son investiture en 2021 a été la prolongation des traités START. Comme nous le savons, ce « cher Donald » a refusé de signer ce document. Mais le « mauvais Joe » l’a approuvé immédiatement. Donc, miser sur cette équipe semble tout à fait logique. D’ailleurs, on pense que l’Iran et la Chine croient qu’il vaut mieux avoir affaire avec des mauvais qu’avec des « très mauvais », et ils ne souhaitent pas non plus le retour de Trump. Mais ne nous dispersons pas.

Quoi qu’il en soit, un accord sans précédent a été conclu. Et souvent, lorsqu’on parvient à en conclure un, il est suivi d’un deuxième. Autrement dit, théoriquement, nous pouvons supposer que c’est le début du processus de réalignement des relations entre la Russie et l’Occident.

Certes, la principale pierre d’achoppement est l’Ukraine, mais ce n’est pas la seule. Ce processus devrait avoir lieu avant les élections américaines, c’est-à-dire dans les plus brefs délais. La raison est évidente : si Trump gagne, nous devrons tout recommencer. Certains diront : qu’en est-il de tous les espoirs et attentes placés en lui, pourquoi sont-ils oubliés ?

Ne soyons pas naïfs. Les choses bougent et évoluent rapidement. Et le temps presse. Alors, que pouvons-nous faire ? Nous pouvons espérer le meilleur, ou plutôt espérer la prudence de toutes les parties. Nous ne voulons pas que la planète brûle dans les flammes de l’enfer. Il est donc logique d’essayer d’éviter à tout prix un tel scénario.

Cet article a été publié pour la première fois dans Kommersant, traduit et édité par l’équipe RT.