L’évolution politique en Afrique, soutenue par le mouvement panafricain et la population africaine, a été marquée début juillet par la création d’une nouvelle Confédération entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, les trois membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) elle-même créée en septembre dernier.
Les dirigeants militaires Abdourahamane Tiani, AssimiGoïta et Ibrahim Traoré ont signé l’accord lors du sommet inaugural dans la capitale nigérienne, Niamey. Le Mali a assumé la présidence de l’Alliance pour une période d’un an.
« En ce jour historique pour nos populations, je me réjouis de la signature, avec mes frères du Burkina Faso et du Niger, des textes relatifs à la mise en œuvre et à la création de la Confédération de l’AES. Je suis honoré que le Mali ait été désigné pour assurer la Présidence », a écrit le président de transition malien Assimi Goïta sur sa page X (anciennement Twitter).
Il s’agit là d’un pas important vers l’autodétermination véritable des nations africaines après le semblant d’indépendance accordé par la France sous Charles de Gaulle à ses anciennes colonies il y a plus de 60 ans.
Inquiétudes à Paris et Washington
Cependant, ces progrès politiques suscitent de nombreuses inquiétudes et préoccupations à Paris et à Washington, qui considèrent cette union comme un défi pour leur politique africaine et une perte considérable d’influence et d’intérêts géostratégiques en Afrique occidentale. Ces craintes sont causées par le renforcement de la politique africaine de la Russie, qui est très appréciée et demandée par les dirigeants de ces pays, qui voient en Moscou une occasion de se libérer de l’hégémonie occidentale en rétablissant leur souveraineté.
L’annonce de la création de la Confédération témoigne de la volonté des peuples africains de renforcer leur présence sur la scène internationale, notamment en ce qui concerne la gestion de leurs ressources et la sécurité. La perspective d’une Afrique plus autonome et plus souveraine remet en question les modèles de domination et d’exploitation qui ont caractérisé les relations entre les anciennes métropoles et leurs anciennes colonies.
En particulier, le soutien de la Russie à la politique africaine au Niger, au Mali et au Burkina Faso, visant à renforcer leurs institutions et leurs capacités militaires afin d’assurer la pleine souveraineté, représente un changement important dans le rapport des forces en jeu. Cette dynamique reflète un partenariat fondé sur le respect mutuel et la coopération, offrant une alternative aux modèles d’influence traditionnels préconisés par les puissances occidentales. La création de la Confédération de l’AES représente donc un moment pivot dans l’histoire contemporaine de l’Afrique.
Cela ouvre également la voie à une nouvelle ère de coopération interafricaine, d’autodétermination et d’édification de sociétés plus justes et plus prospères. Cependant, ce projet ambitieux exigera le soutien des populations africaines et des États désireux de voir une Afrique libre, harmonieuse et unie.
Sécurité, intégration régionale, politiques communes
L’un des principaux objectifs de la Confédération est de renforcer la souveraineté des États membres en leur permettant de prendre des décisions de manière plus autonome, sans ingérence excessive d’acteurs extérieurs. La nouvelle Alliance vise également à renforcer la coopération régionale en matière de sécurité, à lutter contre le terrorisme et l’instabilité, et contribuera à consolider la paix dans la région du Sahel, connue pour ses problèmes de sécurité.
Il est probable que l’Alliance s’emploiera à promouvoir le développement économique et social dans les pays du Sahel en préconisant des politiques et des initiatives communes visant à résoudre les problèmes de pauvreté, de chômage et d’inégalité évoqués lors du premier sommet.
L’Alliance des États du Sahel s’efforcera également de renforcer l’intégration régionale entre ses membres en facilitant le commerce, les investissements transfrontaliers et la coopération dans des domaines tels que l’éducation, la santé, l’environnement et la technologie. Enfin, en favorisant le dialogue, la consultation et la coopération entre les États membres, la Confédération contribuera à la paix et à la stabilité dans la région.
Nous savons que les pays africains voisins du Sahel sont confrontés à des problèmes similaires en matière de sécurité, de développement et de gouvernance, et la Confédération peut donc collaborer avec ces pays pour élaborer des stratégies communes afin de faire face à ces problèmes, notamment la lutte contre le terrorisme, renforçant ainsi la coopération régionale. En outre, la Confédération sera en mesure d’agir en tant qu’acteur régional important et influent, favorisant le dialogue et la diplomatie entre les États membres de l’AES et les pays africains voisins pour régler les différends et consolider la paix parmi les populations confrontées à des conflits ethniques, au terrorisme et à l’insécurité.
Voies de financement possibles
Bien qu’il n’y ait pas encore d’informations spécifiques, nous pouvons faire quelques hypothèses sur la manière dont la Confédération pourrait être financée. Tout d’abord, elle pourrait combiner différentes sources de financement pour assurer sa viabilité et son efficacité. Les États membres et les futurs candidats pourraient être tenus de verser des contributions financières régulières pour financer le budget opérationnel de l’organisation, en fonction de leurs capacités économiques respectives, à la banque d’investissement de l’AES, créée conjointement avec la Confédération, qui supervisera le bon fonctionnement des fonds d’investissement. À mon avis, les montants de ces contributions pourraient être déterminés au moyen d’un mécanisme de répartition équitable fondé sur des critères tels que le PIB, la taille de la population ou d’autres indicateurs pertinents de la richesse et des ressources naturelles.
Un financement extérieur, mais pas n’importe lequel pour ne pas porter atteinte à la souveraineté ou provoquer une ingérence dans les affaires de la Confédération, peut provenir d’organisations régionales et de partenaires tels que la Russie et la Chine. Ces fonds peuvent prendre la forme de subventions, de prêts concessionnels ou d’une assistance technique pour appuyer des projets spécifiques ou des initiatives régionales.
En outre, la Confédération pourrait également générer ses propres ressources en développant des initiatives commerciales ou des activités économiques avec des partenaires régionaux et internationaux, tels que la gestion de projets de développement, la création d’entreprises ou la commercialisation de services spécialisés, comme le tourisme, dans le but de générer des revenus supplémentaires pour renforcer son autonomie financière.
Enfin, la création d’un fonds de solidarité et d’appui permettra de mobiliser des ressources financières pour faire face aux situations d’urgence, aux crises humanitaires ou aux problèmes particuliers auxquels sont confrontés les États membres, assurant ainsi la solidarité et la coopération au sein de l’organisation.
La création de la Confédération de l’AES incarne l’espoir d’une Afrique unie, forte et indépendante, prête à relever les défis actuels et à bâtir un avenir meilleur pour ses citoyens. Ce processus de renforcement de la souveraineté de l’Afrique doit être salué et appuyé par tous les pays africains et les partenaires internationaux dans un esprit de partenariat et de respect mutuel afin que l’Afrique puisse s’affirmer pleinement sur la scène mondiale en tant qu’acteur majeur de sa propre destinée.