Les «sanctions» de l’Occident n'ont pas mis à genoux l’économie russe, laquelle s’est ouverte à de nouveaux marchés. Plusieurs pays profitent du retrait occidental pour nouer des accords fructueux avec Moscou. C’est le cas notamment pour le commerce du charbon, dont la Russie est le sixième producteur mondial. Un marché qui intéresse désormais plusieurs pays africains, y compris la Tunisie.
Ce pays d’Afrique du Nord envisage en effet d’introduire le charbon dans son mix énergétique, traditionnellement couvert par le pétrole et le gaz. La Tunisie a repris ainsi ses importations en charbon de Russie avec 12 000 tonnes cette année, après une interruption en 2022, rapportent le quotidien économique russe Vedomosti et l'agence de presse Afrinz.
Selon l’IACE, un think tank économique basé à Tunis, la Tunisie est fortement dépendante des importations de gaz et de pétrole, car la production intérieure d’énergie du pays est limitée. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’approvisionnement total en énergie primaire de la Tunisie en 2019 était de 5,5 millions de tonnes équivalent pétrole. En 2021, la Tunisie a importé du gaz naturel d’Algérie à hauteur de 45% pour répondre à sa demande de production d’électricité.
Cela pousse vraisemblablement le pays à envisager l’introduction du charbon dans son mix énergétique, notamment pour réduire les coûts d’importation. Une nouvelle orientation déjà évoquée dans un rapport de la Banque mondiale en 2016, qui expliquait que ce choix serait motivé par les prix bas du charbon et par l’abondance des ressources mondiales.
La Russie, sixième producteur mondial de charbon
Avec 5,4% de la production mondiale, la Russie était le sixième producteur mondial de charbon en 2022. La Chine assurait plus de la moitié de la production mondiale, devant l’Indonésie (8%) et l’Inde (8,6%) également en progression. Derrière, les États-Unis augmentaient aussi leur production (6,9%), notamment pour l’exportation.
Malgré les «sanctions» de l’Occident, notamment de l’Union européenne qui a arrêté ses importations de Russie, les livraisons de charbon russe ont le vent en poupe, notamment en Afrique.
Outre la Tunisie, Moscou a repris ainsi ses livraisons de charbon à deux autres pays africains : la Tanzanie (12 000 tonnes) après une interruption en 2020 et le Mozambique, qui est devenu l’un des nouveaux importateurs, avec 29 000 tonnes de charbon russe expédiées rien qu’au cours du premier mois de l'année.
Par ailleurs, la Fédération de Russie a augmenté pendant six mois ses exportations de charbon vers Israël (+21%, jusqu'à 293 000 tonnes) et vers l'Arabie Saoudite (doublées, à 47 000 tonnes).
Moscou-Tunis, une coopération de plus en plus large
Outre le charbon, la Russie approvisionne régulièrement la Tunisie en produits agricoles. Les exportations russes dans ce secteur ont été multipliées par huit au cours des cinq dernières années, principalement en blé, en orge et en huile de tournesol. La Russie a entamé des pourparlers avec la Tunisie pour exporter des produits carnés à destination de ce pays nord-africain.
La coopération économique entre la Russie et la Tunisie a connu un nouvel élan, notamment après la visite du ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, à Tunis les 20 et 21 décembre 2023, précédée par la visite de son homologue tunisien Nabil Ammar à Moscou les 26 et 27 septembre de la même année.
L’établissement de concertations politiques bilatérales, l’échange de visites des responsables ministériels et parlementaires ainsi que la diversification des domaines de coopération ont aussi permis de renforcer les liens entre la Russie et la Tunisie.