De mars à octobre 2011, l’alliance militaire de l’OTAN, violant de manière flagrante les dispositions de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée le 17 mars 2011, a déclenché une agression contre le pays souverain qu’est la Libye.
Il convient de noter que parallèlement aux opérations aériennes, parfaitement connues parce que les membres de l’OTAN se vantent toujours de leurs «exploits», les forces spéciales des pays de l’OTAN ont opéré sur le terrain. Tout cela a abouti au renversement du pouvoir légitime dans l’ancienne Jamahiriya, à une véritable destruction de l’État, à l’instauration du chaos et de l’anarchie, dont même l’opposition libyenne a souffert.
Il suffit de rappeler, par exemple, l’assassinat très médiatisé du chef d’état-major général de la Libye Abdel Fatah Younès qui avait rejoint les rangs des rebelles en juillet 2011.
Les médias occidentaux ont dissimulé les crimes de guerre de l’OTAN en Libye en organisant un blocus total sur les événements réels liés aux bombardements de l’alliance, qui avaient provoqué une rébellion armée dans l’est du pays, en vue de discréditer et de renverser les autorités légitimes.
Ce sont les premières «annonces» des médias occidentaux sur les prétendus crimes commis par le régime de Kadhafi qui ont préparé le terrain pour le renversement «légitime» par la force du gouvernement de cet État nord-africain, sanctionné par la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU (du 17 mars 2011).
Conformément aux dispositions de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU sur «la protection de la population civile», mais en réalité pour aider les formations rebelles à renverser le régime, les forces aériennes des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni ont commencé à lancer des frappes massives contre les militaires ainsi que contre les installations civiles sur le territoire libyen.
160 missiles Tomahawk dès le premier jour
Dès le début de l’opération militaire «Protecteur Unifié» de l’OTAN le 19 mars 2011, près de 160 missiles Tomahawk ont été lancés contre la Libye en une seule journée. Selon des données incomplètes des autorités libyennes, l’attaque a fait plus de 60 victimes dans les premières heures. Selon d’autres données, il y a eu beaucoup plus de victimes. Les pays occidentaux ont refusé de confirmer ces informations.
Au début de l’été, l’alliance militaire a intensifié les bombardements sur les infrastructures du pays, en lançant des frappes aériennes régulières et aveugles contre des quartiers résidentiels, en répétant inlassablement la thèse de «la protection de la population civile». Le 9 août 2011 notamment, une frappe aérienne sur le village de Majer a tué 85 civils, dont 33 enfants.
Les forces de l’OTAN ont effectué deux vagues d’assaut contre Majer. Le premier bombardement a eu lieu vers 23h heure locale. Ensuite, la population, déjà habituée à ce que tout soit calme dans la ville à cette heure, a subi un bombardement massif.
L’ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi a estimé que l’attaque contre le village de Majer par l’aviation de l’OTAN était probablement due au fait que la population locale avait déjà à plusieurs reprises opposé une résistance armée aux «rebelles» libyens qui tentaient de pénétrer dans la ville. Le commandement de l’OTAN, représenté par le colonel Roland Lavoie, a tout d’abord nié catégoriquement les frappes aériennes sur le village. Les autorités libyennes ont quant à elles exigé que, dans le cadre d’une évaluation juridique internationale, les actions de l’aviation de l’alliance contre les habitants du village de Majer soient qualifiées de crimes contre l’humanité, ce qui a été bien sûr ignoré. Au total, les bombardements que l’aviation de l’OTAN a effectués de mars à octobre 2011 en Libye ont tué environ 63 000 personnes.
L’ancien membre du Congrès des États-Unis Walter Fauntroy a affirmé avoir été témoin d'événements horribles lors de la sanglante guerre civile libyenne. Fauntroy a déclaré avoir personnellement vu des troupes françaises et danoises prendre d’assaut de nuit de petits villages et décapiter, mutiler et tuer des rebelles libyens et des fidèles de Kadhafi pour leur montrer qui était le patron.
Des munitions à uranium appauvri ?
Le recours à des munitions à l’uranium appauvri est un autre aspect négatif majeur de l’agression de l’OTAN en Libye. Les États-Unis et leurs alliés nient officiellement ces accusations. Jusqu’à présent, Washington a reconnu avoir utilisé ce type d’armes lors de l’invasion de l’Irak, ainsi que lors de ses opérations en ex-Yougoslavie, en Afghanistan et en Syrie. Toutefois, les conséquences sanitaires subies par l’ancienne Jamahiriya à la suite de l’intervention otanienne suggèrent le contraire. La fréquence des mutations physiques et internes chez les nouveau-nés et des cancers chez les Libyens s’est accrue.
L’Organisation mondiale de la santé estime que 23% des nouveau-nés en Libye souffrent de malformations fœtales et que l’incidence de nouvelles formes de cancer, auparavant inconnues en Libye, a augmenté de 18%. Aucune recherche approfondie n’est cependant menée sur ce phénomène en raison de l’intérêt des pays de l’OTAN à dissimuler les conséquences possibles de l’utilisation d’armes «toxiques» dans ce pays nord-africain.
La situation dans le domaine de l’éducation est catastrophique. Selon une étude du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, 558 écoles dans différentes régions libyennes ont été qualifiées de non fonctionnelles en 2017 en raison de dommages partiels ou complets causés par le conflit et les combats, avec environ 280 000 enfants d’âge scolaire privés d’accès à l’éducation.
Le système de santé du pays, surtout dans les zones rurales et désertiques (soit au moins 80% du pays), s’est gravement détérioré, empêchant des centaines de milliers de personnes de recevoir des soins médicaux adéquats.
La propagation de l’idéologie extrémiste et du terrorisme représente encore une autre dimension de la dégradation des institutions de l’État et de l’éducation. Beaucoup de Libyens, y compris des mineurs, ont rejoint des groupes terroristes : les branches locales d’Al-Qaïda et de l'État islamique. Ce n’est que grâce aux opérations Karama («dignité» en arabe), lancée par l’Armée nationale libyenne dans l’est, et al-Bunyan al-Marsous («structure solide»), menée par le Conseil présidentiel libyen dans la partie ouest du pays, que la domination de ces groupes a pu être éradiquée.
Ainsi, l’agression militaire de l’OTAN contre la Libye n’a pas seulement abouti au renversement du pouvoir légitime par la force, mais à l’émergence d’une nouvelle réalité pour le pays, avec pour résultat qu’il est toujours en transition vers un système de gouvernement démocratique.
L’intervention militaire des puissances occidentales a fait des dizaines de milliers de victimes et détruit des infrastructures essentielles à la vie humaine. Pour ce qui est des dégâts causés à la santé de la nation libyenne, il faudra encore quelques décennies avant de pouvoir en mesurer l’ampleur.