«Poutine bombarde les enfants cancéreux», n'a pas craint de titrer le Daily Mirror le 9 juillet, au lendemain de la tragédie de l'hôpital pédiatrique de Kiev. Titrant de manière similaire, le Daily Mail a estimé que ces «atrocités montrent pourquoi la Grande-Bretagne et l’Otan DOIVENT dépenser davantage pour la défense».
Le Daily Express a quant à lui évoqué un «raid de missiles "génocidaire" de Poutine contre un hôpital pour enfants». «Une guerre contre la vie elle-même», a pour sa part choisi le Guardian.
La veille, la chute d’un missile à proximité de cet établissement hospitalier de la capitale ukrainienne avait fait deux morts (une femme médecin et un visiteur) ainsi que 32 blessés selon les autorités ukrainiennes. En tout, 33 personnes auraient été tuées ce jour-là à Kiev, toujours selon ces dernières.
La défense ukrainienne a immédiatement accusé la Russie d’avoir délibérément ciblé l’établissement hospitalier. Des accusations rejetées par le ministère russe de la Défense. Soulignant avoir «uniquement touché des installations militaires», celui-ci a pointé du doigt «la chute d'un missile antiaérien ukrainien».
Une tragédie qui tombe à point nommé pour Zelensky ?
«Les missiles de défense aérienne des forces armées ukrainiennes s’égarent souvent. Il y a eu de nombreuses tragédies de ce type auparavant», a souligné le 9 juillet à l’ONU le représentant permanent de la Russie, Vassili Nebenzia, accusant Kiev d’avoir «constamment menti aux gens en disant que c'étaient les Russes qui ciblaient spécifiquement les immeubles résidentiels».
«La ruse de telles tactiques est visible à l'œil nu, et les Ukrainiens eux-mêmes l'ont immédiatement remarqué. Heureusement, des enregistrements vidéo de l'attaque du complexe hospitalier sont rapidement apparus sur internet et ont barré toutes les tentatives des propagandistes de Kiev et occidentaux», a notamment déclaré le diplomate russe.
Une tragédie affectant des enfants, qui «s'est produite exactement à la veille du sommet de l'OTAN», avait également souligné Vassili Nebenzia. Volodymyr Zelensky est en effet à Washington où se tient ces 10 et 11 juillet le sommet annuel de l’OTAN.
Un rapprochement qu’avait également fait le porte-parole du Kremlin, dénonçant au micro du journaliste Pavel Zaroubine la tendance de Kiev à organiser ses opérations de relations publiques «dans le sang». «Les tentatives du régime Zelensky d'utiliser la tragédie de l'hôpital pour enfants de Kiev à des fins de propagande confirment une fois de plus son essence inhumaine et nazie», avait pour sa part dénoncé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova.
La vie d’un enfant russe vaut-elle moins que celle d’un enfant ukrainien ?
Ce missile était-il ukrainien ou russe ? Pour les journalistes britanniques, la question a vite été tranchée. «Ces crimes sont tous le résultat du crime originel de Poutine – le crime d’agression», a ainsi lancé dans le Guardian l’ex-Premier ministre britannique Gordon Brown, avec l’aplomb d’un ambassadeur occidental lors d’une séance du Conseil de sécurité des Nations unies.
Ces derniers ont en effet, lors des réunions convoquées par la Russie suite à des frappes menées à l’aide d’armes occidentales ayant tué des civils, à balayer toute responsabilité en répétant que c’est Moscou qui est à l’origine du conflit. D’ailleurs, pour balayer les démentis russes, Gordon Brown cite les autorités ukrainiennes, qui affirment «avoir trouvé des restes d’un missile de croisière russe».
Selon le rédacteur en chef adjoint de The Independant, si l’hôpital a été pris pour cible la veille d’un sommet de l’OTAN, c’est uniquement parce que Poutine voulait «montrer aux dirigeants occidentaux qui s’y rendaient […] à quel point il était déterminé et impitoyable». «Il semble toujours particulièrement irrité lorsque Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, se présente à ces rassemblements. Le président russe veut montrer son mécontentement et, en tyran, il s'en prend aux plus vulnérables», a-t-il enchaîné, affirmant que le Vladimir Poutine confondait «pouvoir et barbarie».
«Le carnage de cette semaine porte le nombre total d'enfants morts depuis le début de la guerre à plus de 600 et le nombre de garçons et de filles blessés à près de 1 400», a notamment fustigé Gordon Brown dans sa tribune.
Un décompte qui n’est pas sans rappeler celui récemment dressé par les autorités russes, concernant les victimes des bombardements ukrainiens et les attaques de drones en Russie.
En effet, selon les chiffres avancés le 5 juillet par Rodion Mirochnik, ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères sur les crimes du régime de Kiev, 465 civils ont été tués au cours des six premiers mois de l’année, dont 40 enfants, alors que 2 082 personnes ont été blessées, dont 143 mineurs.
Des chiffres russes qui, à l’instar de ceux du Hamas concernant les jeunes victimes du conflit dans la bande de Gaza, ne semblent guère intéresser les chancelleries occidentales.