Entre les deux protagonistes, la première rencontre date de 2015. Alors ministre de la Défense, Mohammed ben Salmane, dit MBS, fait partie de la délégation saoudienne qui se rend en Turquie pour assister au forum du G20. A cette époque, la rivalité entre Ankara et Riyad, déjà réchauffée par les événements du printemps arabe, commence à prendre de l’ampleur.
S’ensuit la tentative de coup d’Etat en Turquie dont le royaume était informé, puis le soutien turc au Qatar, isolé par Riyad et ses alliés. Autrefois solide, l’entente entre les deux puissances sunnites cède la place aux tensions. Se posant en défenseur de tous les musulmans du monde, Erdogan affiche de plus en plus ouvertement son ambition de créer un contrepoids à l’influence saoudienne dans la région. MBS, lui, adopte un plan qui vise à affaiblir le gouvernement turc en mettant une pression maximale sur Ankara. Sur le plan médiatique, la confrontation est tout aussi brutale. Erdogan ne cesse d’accuser les proches du prince héritier du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Les autorités saoudiennes répondent par le blocage d’accès à plusieurs sites d’information turcs.
Alors jusqu’où pourrait aller la confrontation turco-saoudienne ? Quelles armes et quelles stratégies nos duellistes utilisent-ils dans leur combat diplomatique ? Enfin, comment les deux rivaux défendent-ils leurs intérêts dans les principaux points chauds de la région ? Pour répondre à ces questions, Oleg Shommer reçoit Roland Lombardi, docteur en histoire, spécialiste du Moyen-Orient.
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