Certains commentateurs craignent qu’une telle mesure aboutisse au maintien de la présence militaire des Etats-Unis au-delà du délai ultime de retrait fixé à fin 2016.
Obama projetait auparavant de réduire le nombre de militaires de 9 800 à 5 000 d’ici à fin 2015 pour arriver progressivement à un retrait total des troupes fin 2016. 3 000 militaires d’autres pays de l’OTAN sont également présents dans le pays.
«La feuille de route de l’opération de retrait des troupes américaines pour 2016 sera précisée plus tard en 2015 afin de permettre une consolidation des troupes et de la présence militaire autour de l’ambassade à Kaboul», a-t-on déclaré à la Maison Blanche.
Cependant, il semble maintenant que Washington se prépare à reconsidérer sa décision, alors que Ghani lui demande de montrer plus de flexibilité concernant le programme de retrait des troupes.
Dans un entretien accordé à RT, Sara Flounders, essayiste américaine et militante antimilitariste, a dénoncé les actions de son gouvernement en ajoutant que «les délais du retrait des troupes américaines ne sont jamais respectés». Elle a dit que le maintien de la présence américaine en Afghanistan est dans les intérêts géopolitiques des Etats-Unis.
«Les troupes américaines changent de nom. Elles deviennent des conseillers, des formateurs, des consultants, beaucoup de cocontractants sont embauchés pour combler les brèches. Ils parlent de retrait, mais en réalité le gouvernement est déterminé à rester en Afghanistan, un pays clé d’Asie centrale, cela fait partie de leur désir de contrôler toute la région», a dit Sara Flounders.
Le président Obama a parlé de la nécessité d’aider Afghanistan, affirmant que la décision de reporter le délai de retrait des troupes a été adoptée en vue d’aider les forces afghanes à se préparer au printemps, lorsque les talibans doivent passer à l’offensive.
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L’ancien porte-parole des Etats-Unis en Irak Saïd Arikat dit que les forces afghanes et américaines pourraient être forcés d’interrompre leur travail au vu de «la résurgence des talibans».
«Le pays est presque entièrement contrôlé par les talibans, y compris des parties de Kaboul, surtout pendant la nuit. C’est vraiment une mission sans fin», a-t-il avoué à RT.
Dans son dernier rapport publié début mars, Human Rights Watch a estimé que le désir des Etats-Unis d’assurer la sécurité à tout prix aboutit à ce que les autorités afghanes agissent avec une impunité absolue, ce qui leur permet d’éviter toute responsabilité pour meurtre et torture.
«Le gouvernement afghan précédent et les Etats-Unis ont permis à des individus puissants et cruels puissants d’abuser de leur pouvoir pendant trop longtemps et de commettre des crimes sans en être tenus responsables», a dit Phelim Kine, vice-directeur de Human Rights Watch en Asie.
Kine a également noté que, tout en soutenant des mesures anti-corruption, les Etats-Unis aident à protéger les responsables accusés de corruption dont la participation dans l’effort militaire est vitale. Il a ajouté que la hausse de la corruption et de la violence dans la société afghane favorise la montée des talibans.
Washington a bloqué quatre milliards de dollars sur chaque année jusqu’à 2017 pour aider à financer les forces de sécurité afghanes. Cependant, Saïd Arikat dit que les dépenses des Etats-Unis dans la région commencent à échapper à tout contrôle.
«Si on regarde les coûts projetés par l’Université d’Harvard pour les guerres en Irak et en Afghanistan, on s’approche d’une somme de six trillions de dollars. C’est une somme énorme. Elle pourrait servir à réparer tous les infrastructures des Etats-Unis, telles que les routes et les ponts qui se dégradent, les hôpitaux. Ils sont là-bas pour longtemps, ça va coûter encore plus d’argent, et, en fait, le pays en a tiré peu de bénéfices», a expliqué Arikat.