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«Partage d'expériences et d'expertises» : le Maroc et Israël consolident leur alliance militaire

A l'occasion d'une visite du chef de l'armée israélienne à Rabat le 19 juillet, les deux pays se sont engagés à renforcer leur coopération militaire, poursuivant un rapprochement critiqué par une partie de l'opinion marocaine et par l'Algérie.

Israël et le Maroc ont consolidé leur alliance militaire le 19 juillet lors d'entretiens à Rabat entre le chef de l'armée israélienne Aviv Kochavi et de hauts responsables marocains, dans le cadre d'une coopération grandissante entre les deux Etats. Arrivé la veille au Maroc, le général Kochavi a été reçu par Abdellatif Loudiyi, ministre délégué chargé de la Défense, pour la première visite officielle d'un chef d'état-major de Tsahal dans le royaume chérifien, a indiqué l'armée israélienne, évoquant un «moment historique» sur Twitter.

Le général israélien a ensuite été accueilli par une haie d'honneur au quartier général des Forces armées royales (FAR) marocaines, où il s'est entretenu avec son homologue, le général Belkheir Al-Farouq, ainsi qu'avec le chef du renseignement militaire Brahim Hassani. Lors des discussions, la partie marocaine a fait part de son «intérêt à monter conjointement des projets industriels de défense au Maroc», a précisé l'état-major général des FAR dans un communiqué séparé publié le 19 juillet. Sur le versant militaire, «cette visite a permis d'examiner les opportunités de développer davantage les axes de coopération portant principalement sur la formation, le transfert de technologies ainsi que sur le partage d'expériences et d'expertises», s'est félicité l'état-major marocain.

Le déplacement du général Aviv Kochavi au Maroc reflète la volonté des deux pays d'approfondir leur coopération militaire et sécuritaire. Ainsi, les deux parties «ont réitéré leur ambition et leur volonté communes de consolider ces relations pour servir les objectifs de paix et de stabilité de notre région», souligne le communiqué marocain. Le rapprochement entre les deux Etats se poursuit à un rythme soutenu depuis la normalisation de leurs relations en décembre 2020 dans le cadre des accords d'Abraham, deux traités qui ont permis d’engager un processus de rapprochement entre l'Etat hébreu et plusieurs pays arabes, avec le soutien de Washington.

Des observateurs israéliens ont participé pour la première fois fin juin à l'exercice militaire «African Lion 2022», le plus large sur le continent africain, co-organisé par le Maroc et les Etats-Unis. Fin mars, une délégation de hauts gradés israéliens avait effectué une autre visite au Maroc qui avait abouti à la signature d'un accord de coopération, avec en vue la création d'une commission militaire mixte.

Une coopération critiquée

Le partenariat israélo-marocain se fonde sur un accord-cadre signé en novembre 2021 à Rabat par le ministre israélien de la Défense Benny Gantz, qui prévoit notamment une coopération entre services de renseignement, le développement de liens industriels, l'achat d'armements et des entraînements conjoints. Scellée avec l’appui de Washington, cette alliance stratégique et militaire suscite la défiance de l'Algérie, rivale régionale du Maroc et soutien de la cause palestinienne, qui a fustigé «l'arrivée à présent de "l'entité sioniste" à nos portes».

La visite du chef de l'armée israélienne a d'ailleurs déclenché débats et critiques sur les réseaux sociaux marocains. «Nous ne sommes plus face à une normalisation "normale", mais plutôt face à une alliance sécuritaire et militaire qui existe entre le Maroc et les régimes arabes réactionnaires, qui sont contre les valeurs des droits de l'homme et de la démocratie» d’une part, et Israël d’autre part, a dénoncé le journaliste Abdellatif El Hamamouchi. Selon le média en ligne The Times of Israël, une centaine de manifestants pro-palestiniens ont également protesté, devant le Parlement à Rabat, contre la visite du chef d’état-major de l'armée israélienne.

Les liens entre le Maroc et Israël sont anciens : les deux pays avaient établi des relations diplomatiques au début des années 1990 avant que le Maroc n'y mette fin au début de la seconde Intifada, le soulèvement palestinien survenu à partir de septembre 2000.