Economie

Israël signe avec les Emirats arabes unis son premier accord de libre-échange avec un pays arabe

Après leurs relations diplomatiques, Israël et les Emirats arabes unis passent au volet économique en signant un accord de libre-échange, une première entre l'Etat hébreu et un pays arabe. Cela, malgré les soubresauts du conflit israélo-palestiniens.

Israël et les Emirats arabes unis, qui ont normalisé leurs relations diplomatiques en 2020, ont signé ce 31 mai un accord de libre-échange, le premier du genre entre l'Etat hébreu et un pays arabe. Cet accord abolit les barrières douanières pour «96% des produits» échangés entre les deux parties, dont les échanges commerciaux se sont chiffrés à 900 millions de dollars (814,4 millions d'euros) en 2021, selon les données officielles israéliennes.

«Israël et les Emirats ont signé un accord historique de libre-échange, le premier de cet ampleur entre Israël et un pays arabe», s'est réjoui sur Twitter le Premier ministre israélien, Naftali Bennett. «Sous l'égide de mon ami Mohammed ben Zayed (Al-Nayane, dirigeant des Emirats) et grâce à beaucoup de détermination, il s'agit de l'accord de libre-échange le plus rapidement signé dans l'histoire d'Israël», a-t-il poursuivi.

Pour l'ambassadeur des Emirats en Israël, Mohamed Al-Khaja, la signature de cet accord est une «réussite sans précédent».

«Les entreprises dans les deux pays bénéficieront d'un accès plus rapide aux marchés et à des tarifs plus bas, nos nations travaillant de concert pour intensifier les échanges commerciaux, créer de l'emploi [...] et renforcer la coopération», a-t-il écrit sur Twitter.

Les Emirats et Bahreïn ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre d'une série d'accords négociés avec les Etats-Unis. Le Maroc a emboîté le pas en contrepartie d'une reconnaissance controversée par Washington de sa «souveraineté» sur l'ancienne colonie espagnole du Sahara occidental. Tandis que le Soudan a également accepté de normaliser ses liens avec Israël, même s'il doit encore finaliser l'accord.

Les pourparlers concernant cet accord avaient débuté en novembre dernier et se sont conclus début avril au terme de quatre sessions de négociations. La dernière avait eu lieu en Egypte entre Naftali Bennett et Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, alors prince héritier puis devenu mi-mai chef d'Etat après la mort de son demi-frère, le cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane.

Le conflit israélo-palestinien en toile de fond

La signature de cet accord survient deux jours après la «marche des drapeaux», un défilé controversé dans la Vieille ville de Jérusalem auquel ont participé des milliers d'Israéliens pour commémorer la conquête de la partie orientale de la ville en 1967 et dont l'annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. La marche s'est déroulée sur fond de tensions entre forces de l'ordre, manifestants israéliens et Palestiniens, qui considèrent cette procession annuelle comme une provocation.

Environ 2 600 non-musulmans, des touristes et des Israéliens, ont visité dimanche l'esplanade des Mosquées, l'un des sites les plus sacrés de l'islam, un chiffre bien plus élevé qu'à l'accoutumée. Les Emirats ont «fermement condamné» le 30 mai cet «assaut». L'accord de libre-échange a également été signé près de trois semaines après la mort de la journaliste palestino-américaine d'Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, tuée le 11 mai au cours d'une opération israélienne en Cisjordanie occupée.

Selon le procureur palestinien, elle a été tuée par un soldat israélien. Une enquête de l'armée israélienne estime qu'il est impossible de déterminer si elle a été tuée par un soldat palestinien ou israélien. Une version mise à mal par une enquête de CNN. La chaîne américaine a dévoilé cette semaine de nouveaux éléments étoffant la thèse d'un tir ciblé des forces de l'ordre israélienne. CNN aboutit à cette conclusion après l'analyse de vidéos, de témoignages de huit témoins oculaires ainsi que de l'expertise d'un spécialiste des enregistrements audios et d'un expert en armes explosives. Les Emirats ont appelé à une «enquête impartiale, indépendante et transparente».