Le Parlement catalan a adopté lundi une résolution qui lance le processus visant à créer une république de Catalogne indépendante de l'Espagne dès 2017. Les deux partis indépendantistes, qui ont remporté avec 48% des voix la majorité absolue au Parlement catalan lors d'élections régionales le 27 septembre, ont voté une résolution annonçant «solennellement le démarrage du processus de création de l'Etat catalan indépendant» pour 2017.
La résolution, approuvé par 72 voix contre 63, marque une nouvelle étape dans la hausse des tensions entre Barcelone et Madrid depuis 2010, quand la Cour constitutionnelle a réduit les compétences reconnues à la Catalogne par un statut d'autonomie que le Parlement national avait approuvé quatre ans plus tôt.
Cette dernière résolution est une des plus fortes mesures de ces dernières années, et prévoit en effet que les élus catalans «ne se soumettront plus aux institutions de l'Etat espagnol, en particulier à la Cour constitutionnelle». Alors qu’ils s’attendent à une annulation de cette résolution par la Cour, les indépendantistes estiment avoir «la force et la légitimité, même si le gouvernement espagnol s'y oppose», a affirmé le député catalan de JxS, Pere Aragonés.
Le gouvernement Rajoy prends des mesures pour éviter l'indépendance
Malgré ce vote, qui devrait être approuvé sans trop de problème par le Parlement catalan, il y a encore du chemin avant d’imaginer une Catalogne indépendante. Car le texte se heurte à une opposition massive, et d’ores et déjà, avant même un éventuel vote, le gouvernement de Mariano Rajoy a prévenu qu’il ne laisserait pas passer ce nouvel affront. Comme prévu, il a annoncé, suite à au vote de cette résolution, un recours. Ce sera à la Cour constitutionnelle d'éventuellement prononcer l'annulation de cette résolution.
A l'inverse, le chef du gouvernement espagnol s'est déjà assuré de l'appui du parti socialiste (PSOE), son rival traditionnel, et du parti de centre-droit Ciudadanos, farouchement anti-indépendantiste. Le parti Podemos, de son côté, a refusé de suivre et souhaite que la Catalogne se prononce sur son avenir par un référendum, qui n’est pas prévu par la constitution espagnole.
Pour limiter la contagion de la fièvre indépendantiste des élus catalans, les conservateurs ont fait passer au Parlement une réforme de la Cour constitutionnelle qui lui permet de démettre de leurs fonctions les dirigeants qui ignorent ses décisions. Carme Forcadell, présidente du Parlement catalan pourrait être la première visée. Autre menace brandie par Madrid, la suspension de l'autonomie de la Catalogne, prévu par la constitution, mais jamais utilisée. Le ministre des Finances a également évoqué la menace de couper les vivres à cette région très endettée et qui peine à payer ses fournisseurs.
Un mouvement indépendantiste qui dérange
Plusieurs responsables politiques catalans sont déjà poursuivis en justice, accusés d'avoir organisé une consultation illégale sur l'indépendance de la Catalogne l'année dernière. Ils avaient organisé, le 9 novembre 2014, une consultation sur l’indépendance de la plus riche région d’Espagne dont la portée était uniquement symbolique. Elle avait été organisée dans des écoles, ce qui est dénoncé par la justice, qui considère qu’il y a là un détournement de fonds publics.
Depuis plusieurs années, le mouvement séparatiste, jusque-là minoritaire, n'a cessé de gagner du terrain, alimenté par la crise économique. Depuis 2012 il réclamait un référendum sur l'indépendance de cette région de 7,5 millions d'habitants qui produit un cinquième du PIB de l'Espagne. Ce dernier a toujours été refusé par Madrid.