Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités ukrainiennes à mettre fin à «toute restriction abusive au travail des journalistes», dans un appel publié sur son site le 1er juillet.
«Les restrictions liées à la sécurité nationale, légitimes, doivent être proportionnées. Face à certaines interférences constatées sur le terrain, RSF exhorte le gouvernement ukrainien à établir des directives claires quant aux conditions de reportage et à les faire respecter par toutes les forces engagées», peut-on ainsi lire sous la plume de Jeanne Cavelier, responsable du bureau Europe de l’Est.
RSF rappelle également que «9 000 reporters, locaux et étrangers, sont accrédités auprès des autorités ukrainiennes pour couvrir la guerre» et, de ce fait, appliquent certaines règles de sécurité : anonymisation des unités et des témoignages, coordination des mouvements avec l’armée dans les zones de combats, etc.
L’entourage du président ukrainien a toutefois fait porter aux journalistes sur le terrain la responsabilité de certaines attaques, depuis le début de l'intervention militaire russe dans le pays lancée le 24 février. Arguant que les informations diffusées présentent des «risques énormes», un conseiller de Volodymyr Zelensky a en effet exigé d’eux une «autorégulation», sur un fil Telegram le 28 juin. Une consigne que l’ONG interprète comme une injonction à l’autocensure. D’autres médias ukrainiens partagent cependant ce point de vue gouvernemental, comme la chaîne privée ICTV qui y voit là «une exigence liée à la guerre».
Le pouvoir ukrainien voit les journalistes étrangers comme un relais d’influence
RSF estime au contraire que «si la sécurité nationale exige la protection d’informations stratégiques, des entraves injustifiées à la production d’une information fiable et objective persistent sur le terrain».
De fait, RSF cite de nombreux cas de journalistes et photojournalistes rencontrant divers obstacles pour faire leur travail : blocages à des checkpoints, méconnaissances des accréditations par les forces de l’ordre, bureaucratie militaire, etc. Un témoin cité par l'ONG a d’ailleurs partagé le refus constant des autorités ukrainiennes pour ramener des images du front : «Pour prendre des photos sur la ligne de front, il y avait toujours un NON qui arrivait de nulle part.» Un autre témoignage affirme pour sa part que «le pouvoir ukrainien voit les journalistes étrangers comme un relais d’influence plus que comme un vecteur d’information».