Vendredi 17 juin
«L'Union soviétique [...] a cessé son existence et je veux souligner que c'est avec beaucoup de respect que nous regardons les processus de souverainisation dans l'espace post-URSS. Nous avons des relations d'alliés, de fraternité avec le Kazakhstan [...] Qui en Russie, peut avoir l'idée d'aggraver les relations avec le Kazakhstan ? C'est du délire ; nous sommes amenés à améliorer nos relations avec le Kazakhstan. C'était la même chose avec l'Ukraine», a déclaré Vladimir Poutine.
«On n'aurait pas eu ce problème de la Crimée si les droits des populations russophones existaient. [...] Le nationalisme à l'époque soviétique, les cadres politiques du Parti communiste n'ont pas su le maîtriser», a-t-il notamment estimé. «Si l'on avait eu de bonnes relations l'Ukraine, on n'aurait pas eu la tragédie d'aujourd'hui», a-t-il ajouté, soulignant que «les ambitions de quelques personnes, des héritiers de Bandera» ont compromis les relations russo-ukrainiennes.
«Si ça n'a pas d'impact sur l'aspect militaire [...] Nous n'avons rien contre [une intégration de l'Ukraine à l'Union européenne], c'est une décision souveraine de tout pays de conclure des alliances, de même sur le plan économique. Or les alliances économiques peuvent prendre des décisions sur l'intégration de nouveaux membres. Est-ce que c'est important pour l'UE ? C'est aux pays de l'UE d'en décider. Est-ce que ce sera utile pour eux ou dommageable pour l'Ukraine ? C'est au peuple ukrainien de décider, ou aux dirigeants actuels», a déclaré Vladimir Poutine. Le chef d'Etat a ajouté que la structure économique de l'Ukraine est telle «qu'il faudra un certain nombre de soutiens, sans quoi le pays va se transformer en semi-colonie».
En revanche, la Russie a toujours été contre le fait que le territoire ukrainien devienne une zone militaire, «car cela représente une menace pour notre sécurité», a ajouté le chef d'Etat russe.
«Nous devons éviter que les localités que nous libérons se transforment en "Stalingrad" [...] c'est la préoccupation de nos militaires», a déclaré Vladimir Poutine, à propos des territoires dont l'armée russe a pris le contrôle dans le cadre de son opération militaire en Ukraine.
Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a déclaré que son pays ne reconnaissait pas la souveraineté des Républiques populaires de Lougansk et Donetsk (républiques autoproclamées du Donbass, reconnues par Moscou) – de même qu'il ne reconnaît pas Taïwan ou le Kosovo, entre autres. Pour autant, le dirigeant a évoqué au sujet des territoires du Donbass une contradiction entre les principes d'intégrité territoriale étatique et le droit à l'auto-détermination.
«On n'a pas voulu respecter le choix des habitants de la Crimée en introduisant des sanctions contre la Russie», a déclaré Vladimir Poutine, en référence au rattachement de la péninsule de Crimée à la Russie, à l'issue d'un référendum non reconnue par Kiev et les Occidentaux en 2014.
«Nous allons soutenir les habitants des territoires libérés» en Ukraine, a également déclaré le chef d'Etat, à propos de l'opération militaire russe menée depuis la fin de ce mois de février.
Vladimir Poutine dénonce le fait que des sanctions économiques occidentales «concernent des gens qui n'ont aucun rapport avec l'Etat [russe], avec les décisions prises par les autorités politiques du pays» ; selon le dirigeant russe, on dépasse avec ces sanctions «toutes les limites, on dépasse même le bon sens. On scie la branche sur laquelle on est assis.»
«Comme l'a dit Mark Twain, "les bruits qui courent sur ma mort sont exagérés" – c'est à peu près la même chose pour l'économie russe», a plaisanté Vladimir Poutine, pour souligner la bonne résistance de l'économie russe aux sanctions occidentales.
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue kazakh Kassym-Jomart Tokaïev évoquent notamment l'Union économique eurasiatique, lors d'une discussion à l'issue des prises de parole individuelles des chefs d'Etat au Forum.
Le président chinois Xi Jinping livre un message, par visioconférence, au Forum économique international de Saint-Pétersbourg.
«Le monde entre dans une nouvelle période de turbulences et de changements», a jugé le chef d'Etat, pour qui l'on assiste à une «tendance négative d'antiglobalisme», «de rupture entre le Nord et du Sud» et de «réduction de la puissance des moteurs de développement», ce qui risque d'engendrer une récession.
Le président égyptien al-Sissi s'exprime, par visioconférence, au Forum. Il a souligné notamment que l'Egypte est «fière de ses relations historiques» avec la Russie, soulignant des succès importants ces dernières années dans divers secteurs économiques. Le dirigeant a évoqué «la mise en œuvre de grands projets ambitieux» telle que la construction d'une centrale nucléaire.
Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, prend la suite de son homologue russe, à la tribune du Forum économique de Saint-Pétersbourg.
«Face à la spirale de l'inflation, notre objectif est d'assurer un développement durable pendant des années. Pour les citoyens, pour les entreprises, pour que l'on ait à long terme une inflation qui soit à hauteur de 4%. [...] C'est notre objectif, 4%, qu'on y revienne», a fait savoir Vladimir Poutine, qui avait récemment estimé que l'inflation annuelle en Russie serait de 15% fin 2022.
Vladimir Poutine a (de nouveau) affirmé qu'il existait «cinq à six options pour l'exportation de céréales ukrainiennes», et qu'il fallait pour cela que les Etats étrangers laissent les autorités de Kiev décider d'elles-mêmes à ce sujet, sans tenir compte des intérêts venant de «l'autre côté de l'océan».
La tâche la plus importante pour la communauté mondiale est d'augmenter les approvisionnements alimentaires sur le marché, selon Vladimir Poutine, qui a ajouté que la Russie était «capable de les augmenter».
«Aujourd'hui, nos soldats et nos officiers, les milices du Donbass, se battent pour protéger leur peuple, défendant le droit de la Russie à un développement libre et sûr en tant que grand pays multinational prenant ses propres décisions», a déclaré le chef d'Etat russe, à propos de l'opération militaire russe en Ukraine lancée le 24 février dernier. «Toutes les cibles fixées par l'opération militaire spéciale vont être atteintes», a également assuré le président de la Fédération russe à ce sujet.
L'«opération de libération du Donbass n'a absolument aucun rapport» avec l'augmentation des prix des biens de consommation et des énergies, selon Vladimir Poutine. Selon lui, cette inflation est en effet «le signe d'erreurs systémiques dans la gestion de l'économie». Le chef d'Etat a évoqué de nouveau, à ce sujet, l'impression massive de billets aux Etats-Unis.
«On voit qu'en réalité, l'Union européenne a perdu sa souveraineté, les élites jouent la mélodie qui leur est dictée "d'en haut", en causant des dommages à leurs propres sociétés, à leur propre économie», a déclaré le dirigeant russe, faisant référence aux allégations régulièrement formulées par la Russie, au sujet d'une soumission des Européens aux Etats-Unis.
A propos de l'économie russe, le président russe a affirmé qu'il cherchait à renforcer la demande, dans le contexte notamment de sanctions occidentales contre la Russie.
«La "blitzkrieg" contre l'économie russe n'avait aucune chance de réussir», a d'ailleurs jugé le chef d'Etat, qui avait déjà affirmé ces dernières semaines que les pays sanctionnant la Russie ne parviendraient pas à mettre à mal son économie.
Les sanctions ont «des coûts plus importants» pour les pays qui les prennent que pour le pays sanctionné, a-t-il également déclaré, évoquant la forte inflation en Europe et une perte de compétitivité des entreprises européennes.
«Nous devons faire preuve d'initiatives, [...] croire en nos forces [...] Nous pourrons relever tous les défis», a déclaré le président russe, en référence aux sanctions occidentales contre la Russie, liées notamment à l'intervention russe en Ukraine.
«Le monde d'avant ne reviendra pas», et certains dirigeants occidentaux s'accrochant à leurs «valeurs du passé», «refusent de voir la vérité», «veulent aller à l'encontre de l'évolution» de l'Histoire, considère le chef d'Etat russe. De là la volonté occidentale d'imposer des pressions, des sanctions, y compris sur la culture et l'Histoire, ajoute-t-il.
Le président russe Vladimir Poutine défend le multilatéralisme, et le droit de chaque pays à défendre son identité nationale et sa souveraineté, lors de sa prise de parole à la session plénière du Forum économique de Saint-Pétersbourg, ce 17 juin.