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La Hongrie obtient le retrait du patriarche Kirill de la liste des sanctions européennes anti-russes

Après l'annonce d'une nouvelle série de sanctions européennes contre la Russie, la diplomatie hongroise s'est réjouie d'avoir réussi à faire en sorte que l'Union européenne renonce à inscrire sur sa liste noire le chef de l'Eglise orthodoxe russe.

«Nous avons réussi à obtenir le retrait de la liste du patriarche Kirill. C'était une question de principe pour nous en raison de notre attachement à la liberté religieuse», a commenté le 2 juin le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, sur Facebook.

Alors que l'Union européenne a approuvé un sixième paquet de sanctions contre la Russie incluant un embargo pétrolier avec des exemptions, les 27 ont en effet finalement renoncé à inscrire sur la liste noire le patriarche Kirill, chef de l'Eglise orthodoxe russe, à l'issue de négociations difficiles sous la pression de la Hongrie. Approuvé le jour même, le texte – qui requiert l'unanimité – doit encore recevoir l'accord écrit de chaque Etat membre en vue de sa publication, le 3 juin, au Journal officiel pour permettre l'entrée en vigueur des mesures, selon la présidence française du Conseil de l'UE.

La Commission européenne avait proposé d'inscrire sur la liste des personnes sanctionnées par un gel des avoirs et une interdiction d'entrée dans l'UE le patriarche Kirill, à qui il était reproché de soutenir l'opération militaire russe en Ukraine, mais la Hongrie s'y est opposée.

Après la censure de RT et de Sputnik, l'UE interdit de diffusion trois nouvelles chaînes russes

En négociation depuis un mois, le nouveau paquet de sanctions prévoit d'allonger la liste noire de l'UE en y ajoutant une soixantaine de personnalités, dont de nombreux militaires russes accusés de «crimes de guerre» à Boutcha, des membres de la famille du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, mais aussi l'ancienne gymnaste russe Alina Kabaeva.

Certains médias et opposants prêtent en effet à celle-ci une relation depuis des années avec Vladimir Poutine, ce qu'avait démenti le président russe en 2008. Dans cette liste figure en outre l'exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, le principal établissement bancaire en Russie, ainsi que d'une banque biélorusse. Sept banques russes avaient déjà été bannies de ce système par les Européens. Trois chaînes de télévision russes, dont Russia 24 et Russia RTR, seront interdites de diffusion dans l'UE. Fin février, la présidente de la Commission européenne avait annoncé l'interdiction de diffusion de RT sur le sol européen, accusant notamment sans preuve le média de «propager des mensonges» dans le cadre de l’offensive militaire russe en Ukraine.

Les sanctions européennes – prises depuis 2014 après le rattachement de la Crimée à la Russie par un référendum, considéré comme illégal par les Occidentaux – concernent 1 091 personnes et 80 entités.

De son côté, Moscou, qui défend son «opération spéciale» comme un moyen de «démilitariser» et de «dénazifier» l'Ukraine, souligne régulièrement l'impact de ces sanctions sur les pays européens eux-mêmes.

Dernièrement, le vice-Premier ministre russe chargé de l'Energie Alexandre Novak avait par exemple averti que les consommateurs européens seraient mécaniquement les premiers à être affectés par un embargo pétrolier qu'il a qualifié de «politique». «Je n'exclus pas qu'il y ait un grand manque de produits pétroliers dans l'UE», a-t-il ajouté.