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La Chine réagit à l'amorce de discussions commerciales entre Washington et Taïwan

La Chine a exprimé ce 2 juin sa «ferme opposition» aux discussions commerciales lancées la veille entre les Etats-Unis et l'île de Taïwan, que Pékin considère comme partie intégrante de son territoire.

«La Chine s'oppose à toute forme d'échange officiel entre un quelconque pays et [...] Taïwan, y compris à toute négociation et signature d'un accord économique et commercial à connotation souveraine et à caractère officiel», a déclaré ce 2 juin Gao Feng, le porte-parole du ministère chinois du Commerce. Cette position est réaffirmée par Pékin au lendemain du lancement de discussions commerciales bilatérales entre les Etats-Unis et Taïwan.

La représentante adjointe au commerce des Etats-Unis, Sarah Bianchi, et le ministre taïwanais John Deng se sont rencontrés «virtuellement» et ont lancé «l'Initiative Etats-Unis-Taïwan sur le commerce du XXIe siècle, avec l'objectif de développer des moyens concrets d'approfondir» les relations économiques et commerciales, selon un communiqué de l'ambassadrice américaine au Commerce.

John Deng a déclaré que les discussions allaient ouvrir davantage de «possibilités de coopération économique». «Nous pouvons dire qu'il s'agit d'une percée historique», a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse.

La première réunion doit se tenir «plus tard ce mois-ci à Washington sous les auspices de Tecro», le Bureau de représentation économique et culturelle de Taipei aux Etats-Unis et de l'Institut américain à Taïwan. Tecro représente les intérêts de Taïwan aux Etats-Unis en l'absence de relations diplomatiques formelles, fonctionnant comme une ambassade de facto.

L'amorce de ce dialogue commercial est survenu au surlendemain de l'incursion de 30 avions chinois dans la zone aérienne de défense de Taïwan, île que Pékin considère comme une de ses provinces, et refuse qu'elle entame toute relation officielle avec des pays étrangers. Les Etats-Unis et Taïwan sont liés depuis 1994 via «un cadre» pour le commerce et les investissements. Les Etats-Unis sont en effet le plus important partenaire et fournisseur d'armes de Taïwan.

Taipei a également rejoint l'Organisation mondiale du commerce en 2002, ce qui a contribué à la croissance du commerce bilatéral. La prochaine étape de la relation économique serait ainsi un accord commercial formel qui, pour l'heure, se fait attendre dans un contexte politique complexe.

L'Asie-Pacifique, une zone commerciale convoitée par Washington 

Les Etats-Unis, comme la plupart des pays, ne reconnaissent pas officiellement Taïwan, mais ils soutiennent fortement l'île dont ils mettent en avant le statut «démocratique» en l'opposant à ce qu'ils jugent être une «autocratie» chinoise.

Cette initiative est aussi lancée peu après l'annonce d'un nouveau partenariat économique en Asie-Pacifique (APAC), divulgué le 23 mai par le président Joe Biden lors d'une tournée en Asie.

Le Cadre économique pour l'Indo-Pacifique (Indo-Pacific Economic Framework, IPEF) n'est pas un accord de libre-échange, mais il est censé faire contre-poids à la Chine en facilitant l'intégration entre ses pays signataires via l'adoption de normes communes dans le secteur numérique, les chaînes d'approvisionnement, les énergies vertes et la lutte contre la corruption.

Pékin, qui s'est senti délibérément exclu, l'avait vertement fait savoir. Washington cherche à «former de petites cliques au nom de la liberté et de l'ouverture» en espérant «contenir la Chine», avait ainsi critiqué le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, considérant le projet américain «voué» à l'échec.