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«Historique» : la Finlande et la Suède ont soumis leurs demandes d'adhésion à l'OTAN

Malgré les mises en gardes de Moscou qui voit dans ce processus une menace, Stockholm et Helsinki ont soumis leurs demandes d'adhésion à l'Alliance militaire, rompant ainsi avec leur neutralité. L'OTAN dit espérer «conclure rapidement» le processus.

«C'est un moment historique à un moment critique pour notre sécurité», a déclaré le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg ce 18 mai. Annonçant avoir reçu les demandes d'adhésion présentées par les ambassadeurs de la Suède et de la Finlande, le chef de l'Alliance militaire a dit espérer «conclure rapidement» le processus.

Les deux pays avaient fait part ces dernières semaines de leur volonté d'intégrer cette organisation dominée par les Etats-Unis dans le contexte de l'intervention militaire russe en Ukraine. Moscou avait réagi en mettant en garde contre une nouvelle donne qui mettrait à mal la sécurité régionale. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov avait ainsi averti les chancelleries occidentales, le 16 mai, des risques de voir augmenter «le niveau global de tension militaire», voyant dans cette potentielle extension de l'Alliance atlantique une «erreur grave, lourde de conséquences». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait de son côté souligné que l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN «ne renforcera pas et n’améliorera pas d'une manière ou d'une autre la sécurité» sur le continent européen.

Le dépôt de ces candidatures constitue un tournant majeur pour les deux pays, qui n'avaient jamais rejoint l'Alliance atlantique, même au pic de la guerre froide, et qui s'en sont longtemps tenus à une politique de neutralité. Concernant plus spécifiquement la démarche d'Helsinki, Dmitri Peskov avait souligné le 15 mai qu'une telle initiative constituerait «une violation directe de [ses] obligations juridiques internationales» en vertu du traité de paix de Paris de 1947 – qui empêche les parties de conclure des alliances ou de participer à des coalitions contre l’une d’entre elles – ainsi que de l’accord de 1992 entre Moscou et Helsinki. Le porte-parole du Kremlin a aussi jugé que l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN «entraînerait d’énormes risques pour l’ensemble du continent», une préoccupation partagée par certains responsables politiques français, dont le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, qui s'est alarmé d'un «engrenage dangereux» pour la sécurité collective européenne.

Opposition de la Turquie à l'adhésion des deux pays nordiques

L'adhésion des deux pays à l'Alliance se heurte cependant à l'hostilité de la Turquie, qui a bloqué en début de semaine une déclaration de l'OTAN favorable aux adhésions des deux pays. Des consultations étaient en cours ce 18 mai au sein du Conseil Atlantique pour tenter de lever l'opposition de la Turquie au lancement du processus d'adhésion, a-t-on appris de source diplomatique. Ankara peut en effet le ralentir en refusant l'ouverture des discussions au sein du Conseil Atlantique, première étape de la procédure. La Turquie peut ensuite le bloquer en refusant de signer les protocoles d'adhésion et enfin refuser de ratifier l'adhésion. L'unanimité des 30 membres de l'Alliance est impérative pour les adhésions.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan pourrait vouloir porter le sujet au sommet de l'OTAN organisé à Madrid les 29 et 30 juin, après avoir déclaré le 16 mai que son pays «ne cèdera pas». Ankara accuse la Suède d'être «la pépinière d'organisations terroristes» comme le PKK kurde et reproche aux deux pays nordiques de ne pas approuver les demandes d'extradition de personnes accusées d'être des terroristes, ainsi que d'avoir gelé des exportations d'armes vers la Turquie.

Recep Tayyip Erdogan avait exprimé dès le 13 mai son hostilité à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN, expliquant qu'il ne souhaitait «pas voir se répéter la même erreur que celle commise lors de l'adhésion de la Grèce». Depuis le début du conflit en Ukraine, Ankara a tout fait pour maintenir de bonnes relations avec les deux pays belligérants, dont dépend étroitement son économie, bien qu'elle fournisse des drones de combats à Kiev. L'opposition de la Turquie priverait la Finlande et la Suède de la protection assurée par l'OTAN à tous ses membres en cas d'agression.

«Les intérêts de sécurité de tous les alliés doivent être pris en compte et nous sommes déterminés à examiner toutes les questions et à parvenir rapidement à des conclusions», a assuré le 18 mai Jens Stoltenberg aux ambassadeurs finlandais et suédois.