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Joe Biden renvoie des troupes américaines en Somalie, revenant sur le retrait décidé par Trump

Le président américain va rétablir une présence militaire permanente en Somalie, annulant le retrait décidé par son prédécesseur 18 mois plus tôt. Joe Biden justifie cette mesure par le combat contre les djihadistes shebab affiliés à al-Qaïda.

Comme le rapportent l'AFP et le New York Post, le président américain Joe Biden a décidé d'accepter une requête du Pentagone en rétablissant une présence militaire permanente en Somalie afin, selon Washington, de lutter contre les islamistes shebab liés à al-Qaïda. Ce choix est à rebours de la décision de retrait prise il y a moins de deux ans par Donald Trump.

«[Joe Biden] a approuvé une demande du département de la Défense de repositionner des forces américaines en Afrique de l'Est, afin de rétablir une petite présence militaire persistante en Somalie», a déclaré à la presse un haut responsable américain le 16 mai. Près de 18 mois après le retrait des quelque 750 militaires américains qui étaient déployés dans ce pays de la Corne de l'Afrique, moins de 500 soldats des forces spéciales américaines seront de nouveau stationnés dans le pays, selon le haut responsable, qui n'a pas précisé la date de leur arrivée dans ce pays meurtri par l'insurrection des shebab et menacé par la famine en raison d'une sécheresse d'une ampleur historique.

Donald Trump avait ordonné en décembre 2020, soit juste avant la fin de son mandat, le retrait des troupes américaines de Somalie, n'autorisant que des missions par rotations. Or, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a «jugé que ce modèle de missions épisodiques était inefficace et de plus en plus intenable», comme l'a indiqué le porte-parole du Pentagone, John Kirby, au cours d'une conférence de presse. Selon lui, la décision de rétablir une présence militaire «rationalise le dispositif irrationnel dont nous avons hérité». «C'était irrationnel parce que cela créait un risque inutile et élevé pour les forces américaines à chaque fois qu'elles entraient et sortaient du pays, et que nous en tirions moins de bénéfice malgré ce risque accru», a développé John Kirby.

Les deux responsables américains ont précisé que les renforts militaires américains étaient déjà positionnés dans des pays voisins et que ce déploiement ne changerait pas la posture militaire des Etats-Unis en Afrique de l'Est. «L'objectif est de permettre une lutte plus efficace des forces locales contre les shebab [...] qui se sont renforcés et représentent une menace», a précisé John Kirby.

Pas d'engagement direct des soldats américains, selon le Pentagone

Les islamistes radicaux, qui mènent une insurrection dans le pays depuis 15 ans, ont intensifié leurs attaques ces derniers mois, menant notamment un double attentat dans le centre du pays le 24 mars, faisant 48 morts, puis un assaut d'envergure contre une base de la force de l'Union africaine causant 10 morts selon un bilan officiel.

Le porte-parole du Pentagone a cependant assuré qu'il n'était pas question que les forces américaines soient directement engagées dans des combats contre les shebab. «Je veux rappeler que ces forces ont été et vont continuer à être utilisées pour former, conseiller et équiper les forces partenaires [somaliennes], afin de leur donner les moyens dont ils ont besoin pour désorganiser, affaiblir et surveiller les shebab», a souligné John Kirby. «Nos forces ne sont pas actuellement engagées directement dans des opérations de combat et elles ne le seront pas à l'avenir», a-t-il insisté.

Après plus d'un an de crise politique autour de l'organisation du scrutin, un nouveau président, Hassan Cheikh Mohamoud, a été élu en Somalie le 15 mai. Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken l'a félicité pour sa victoire à l'élection et l'a incité à ériger en priorité le «développement des forces de sécurité pour prévenir et parer au terrorisme». Comme le souligne le New York Post, ce redéploiement en Afrique de l'Est tranche avec le maintien d'une ligne stricte de retrait d'Afghanistan, pays dans lequel les Etats-Unis ont déployé des troupes pendant deux décennies, avant leur évacuation précipitée en raison du retour des Taliban.