Plusieurs institutions et représentants politiques à travers le monde ont condamné la charge de la police israélienne, le 13 mai, qui a visé le cortège funèbre de Shireen Abu Akleh, journaliste palestinienne vedette tuée deux jours plus tôt d'une balle dans la tête alors qu'elle couvrait une opération israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël. Le Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a par exemple condamné «l'usage disproportionné de la force et le comportement irrespectueux de la police israélienne à l'encontre des participants au cortège funèbre».
Les forces d'occupation ne se sont pas contentées de tuer Shireen [...] mais elles ont terrorisé ceux qui l'ont accompagnée vers sa dernière demeure
«Nous avons été profondément troublés de voir les images de l'intrusion de la police israélienne au sein du cortège funéraire [de Shireen Abu Akleh]», a pour sa part réagi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken dans un communiqué.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est quant à lui dit «profondément troublé» par le comportement de «certains policiers» israéliens, déplorant les affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les Palestiniens rassemblés à l'hôpital Saint-Joseph. La représentation française à Jérusalem a pour sa part qualifié de «profondément choquantes» les «violences policières» à l'hôpital Saint-Joseph. «Les forces d'occupation ne se sont pas contentées de tuer Shireen [...] mais elles ont terrorisé ceux qui l'ont accompagnée vers sa dernière demeure», a encore commenté la diplomatie du Qatar.
A la sortie du cercueil de cet hôpital à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé et annexé par l'Etat hébreu, la police israélienne a fait irruption dans l'enceinte de l'établissement et tenté de disperser une foule brandissant des drapeaux palestiniens.
Le cercueil a failli tomber des mains des porteurs bousculés par des policiers mais a été rattrapé in extremis, selon des images retransmises par des télévisions locales qui montrent également les policiers faisant usage de matraques. D'après le Croissant-Rouge palestinien, 33 personnes ont été blessées lors des funérailles.
Dans la soirée, la police israélienne a publié sa version des faits sur les réseaux sociaux, expliquant notamment avoir du faire face à «environ 300 émeutiers [qui] empêchaient les membres de la famille de charger le cercueil sur le corbillard pour se rendre au cimetière, comme cela avait été planifié et coordonné avec la famille à l'avance» et a justifié son intervention avec l'objectif d'«éviter que la foule ne s'empare du cercueil», afin que les funérailles puissent se dérouler comme prévu.
Plus tard dans la journée, la police israélienne a annoncé qu'elle allait ouvrir une enquête. «Le commissaire de la police israélienne, en coordination avec le ministre de la Sécurité publique, a ordonné une enquête sur l'incident. Les conclusions de l'enquête seront présentées au commissaire dans les prochains jours», a indiqué la police dans un communiqué.
Après l'intervention de la police, la foule a accompagné le cercueil vers une église de la Vieille Ville où une messe a été prononcée, avant de se rendre au cimetière.
Les funérailles de la journaliste de 51 ans ont eu lieu alors que de nouveaux heurts se sont produits près de Jénine. Un policer israélien a été tué lors d'une opération de l'armée israélienne à Burqin «contre des terroristes», selon un communiqué officiel. Le groupe armé palestinien Djihad islamique a indiqué que ses combattants l'avaient tué. Dans le camp de réfugiés de Jénine, 13 Palestiniens ont été blessés, selon le ministère de la Santé palestinien.
L'ONU réclame «une enquête immédiate, approfondie, transparente et impartiale»
Le meurtre de la journaliste américano-palestinienne de la chaîne qatarie Al Jazeera, alors qu'elle portait un gilet pare-balles siglé «presse» et un casque de reportage dans l'exercice de ses fonctions, a suscité dans la nuit du 13 au 14 mai une déclaration unanime du Conseil de sécurité de l'ONU, qui l'a «fermement condamné».
Initiée par les Etats-Unis, cette très rare position unanime du Conseil de sécurité sur un sujet concernant Israël réclame aussi «une enquête immédiate, approfondie, transparente et impartiale» sur ce meurtre. Elle souligne «la nécessité de garantir une mise en responsabilité» de son ou ses auteurs, selon le texte obtenu par l'AFP.
Dans un premier temps, Israël avait affirmé qu'elle avait «probablement» succombé à un tir palestinien. Mais l'Etat hébreu a ensuite dit ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats. L'Autorité palestinienne, Al Jazeera et le gouvernement du Qatar ont accusé l'armée israélienne de l'avoir tuée.