Le chef du mouvement islamiste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinouar, a averti le 30 avril de la possibilité d'une «grande bataille» contre Israël en cas de nouvelle «agression» des forces israéliennes dans la mosquée al-Aqsa de Jérusalem. Ces dernières semaines, l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam et lieu le plus sacré du judaïsme connu sous le nom de Mont du Temple, a été le théâtre d'affrontements.
De récents heurts à Jérusalem
Près de 300 Palestiniens ont été blessés dans cette zone où se trouve al-Aqsa après des attaques anti-israéliennes et des opérations de l'armée israélienne en Cisjordanie occupée. Lors de ces heurts, la police israélienne s'est déployée sur l'esplanade et a aussi pénétré une fois dans la mosquée al-Aqsa, en lançant des gaz lacrymogènes, ce qui avait suscité les condamnations de Palestiniens et de pays musulmans.
«Celui qui prend la décision de répéter cela prendra lui-même la décision de détruire des milliers de synagogues dans le monde entier», a déclaré dans un discours Yahya Sinouar, chef du bureau politique du Hamas dans la bande de Gaza, enclave sous blocus israélien. «Vous devrez vous préparer à une grande bataille si l'occupation [nom donné à Israël par des Palestiniens] n'arrête pas d'attaquer la mosquée al-Aqsa», a-t-il ajouté.
Ce rare discours a été prononcé à l'occasion de l'anniversaire, selon le calendrier musulman, de la guerre de 11 jours, en mai 2021, entre Israël et le Hamas. Il a également rendu hommage à l'Iran, principal ennemi d'Israël, et aux mouvements soutenus par la République islamique, dont le Hezbollah libanais, le Djihad islamique palestinien et les rebelles houthis yéménites.
En cas «d'agression» sur l'esplanade des Mosquées lors du «jour de Jérusalem», le Hamas lancera plus d'un millier de roquettes vers Israël, a encore menacé Yahya Sinouar. Prévu cette année fin mai, cet évènement fêté en Israël commémore la prise de la partie palestinienne de la Ville sainte en 1967.
Vers une remise en cause du statu quo ?
En vertu d'un statu quo historique, les musulmans sont autorités à prier sur l'esplanade, située dans la partie palestinienne de Jérusalem annexée par Israël, tandis que les non musulmans peuvent s'y rendre à des heures précises mais sans y prier.
Ces dernières années, le nombre de juifs se rendant sur l'esplanade a augmenté pour atteindre un record en avril lors de Pessah, la pâque juive.
De nombreux fidèles juifs y sont régulièrement aperçus en train de prier malgré l'interdiction, ce qui a suscité des craintes chez des musulmans de voir ce statu quo historique voler en éclat.
L'Etat hébreu «ne changera pas» le statu quo historique, a assuré la semaine dernière le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid. Le parti Raam, première formation arabe de l'histoire d'Israël à soutenir une coalition gouvernementale, a récemment «suspendu» son soutien en raison des violences à Jérusalem. Le 30 avril, Yahya Sinouar a appelé son dirigeant, Mansour Abbas, à «quitter» définitivement la coalition.