Les joueurs russes et biélorusses, dont Daniil Medvedev, Andrey Rublev ou encore Aryna Sabalenka, ne participeront pas au tournoi de Wimbledon cette année, selon un article mis en ligne par quotidien britannique The Times le 20 avril. Une information confirmée quelques heures plus tard par les organisateurs du tournoi prônant comme justification l'offensive russe en Ukraine.
Depuis le début de celle-ci le 24 février dernier, les joueurs russes et biélorusses ont pu continuer à participer aux compétitions ATP (Association of Tennis Professionals, principal circuit international de tennis masculin) et WTA (Women's Tennis Association, son équivalent féminin) sous un drapeau neutre. Ce dispositif était censé s'étendre aux trois tournois du Grand Chelem encore à disputer en 2022, tandis que la Fédération internationale de tennis avait interdit aux équipes des deux pays de participer à la Coupe Davis et à la Coupe Billie Jean King (ex-Fed Cup).
«Dans les circonstances d'une agression militaire injustifiée et sans précédent, il serait inacceptable que le régime russe tire le moindre bénéfice de la participation de joueurs russes ou bélarusses [...] Nous avons par conséquent l'intention, avec un profond regret, de rejeter l'inscription de joueurs russes et bélarusses à Wimbledon», a fait savoir l'All England Lawn Tennis Club (AELTC), qui organise le tournoi, dans un communiqué diffusé le 20 avril.
Comme l'avait annoncé le ministre des britannique des Sports Nigel Huddleston mi-mars, des négociations entre le gouvernement et l'AELTC, visaient à ce que ces compétiteurs, dont Daniil Medvedev et la Biélorusse Aryna Sabalenka, signent une déclaration selon laquelle ils ne feraient pas de commentaires favorables au président russe Vladimir Poutine. Or, les organisateurs de Wimbledon estiment que la signature de telles déclarations pourrait avoir un impact négatif sur les familles des joueurs.
Il est probable que cette mesure d'exclusion s'applique à tous les tournois britanniques sur gazon cet été. La Lawn Tennis Association (LTA), qui supervise les principaux tournois de préparation à Wimbledon, tels que le Queen's et celui d'Eastbourne, a déclaré la semaine dernière qu'elle suivrait l'exemple de Wimbledon. «Nous pensons que, du point de vue du public et de la mise en œuvre pratique, il faut un alignement [entre l'AELTC et la LTA], pour que ce soit vraiment clair et compris», a déclaré Scott Lloyd, directeur général de la LTA.
Un bannissement «inacceptable» pour le Kremlin
Les joueurs russes et biélorusses se sont exprimés de diverses manières à propos du conflit : le Russe Andrey Rublev, numéro 8 mondial, a écrit «Pas de guerre, s'il vous plaît» sur une caméra de télévision lors d'une compétition à Dubaï juste après l'invasion. «Je veux la paix dans le monde entier», a commenté Daniil Medvedev, en convalescence après une opération, ce qui rend sa participation au prochain tournoi de Roland-Garros incertaine. La Biélorusse Victoria Azarenka, ancienne numéro 1 mondiale, a jugé en mars qu’«il est déchirant de voir combien de personnes innocentes ont été affectées et continuent de l'être par cette violence». «J'ai toujours vu et vécu les Ukrainiens et les Biélorusses comme des gens amicaux et solidaires les uns des autres. Il est difficile d'être témoin de la séparation violente qui a lieu actuellement», a souligné la joueuse de 32 ans, actuellement 18e à la WTA.
Si elle n'a pas encore fait l'objet d'une annonce officielle, une telle interdiction faite aux joueurs de tennis russes de participer au tournoi de Wimbledon serait «inacceptable», a réagi le Kremlin le 20 avril, après la publication du Times. «Une nouvelle fois, ils font des sportifs les otages de préjugés politiques, d'intrigues politiques […] C'est inacceptable», a condamné le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. «Vu que la Russie est un pays très fort en tennis, nos athlètes figurant au sommet des classements mondiaux, leur exclusion aura un impact sur la compétition elle-même», a-t-il ajouté.
Suivant les recommandations du Comité international olympique (CIO), les sportifs russes et biélorusses ont été bannis de nombreuses compétitions, dont les Jeux paralympiques de Pékin, le Mondial de football ou encore les Mondiaux de natation.