Comme le rapporte l'AFP, la télévision publique russe, a diffusé le 18 avril des images montrant deux ressortissants britanniques, Shaun Pinner et Aiden Aslin, capturés après avoir pris part aux combats en Ukraine. Dans cet extrait, les deux Britanniques lancent un appel à Boris Johnson, lui demandant de négocier leur libération contre celle de l'opposant politique ukrainien Viktor Medvedtchouk, détenu à Kiev.
Le lieu de leur détention n'est pas précisé. Selon le média public russe, les deux hommes ont été capturés à Marioupol. Ils appartiendraient à une unité des forces ukrainiennes qui s'est rendue la semaine dernière aux forces russes.
Le même jour, les autorités ukrainiennes ont publié une vidéo non datée de Viktor Medvedtchouk, le chef du parti ukrainien Plateforme d'opposition-Pour la vie. L'opposant politique a été arrêté le 12 avril par le Service de sécurité d'Ukraine (SBU). Dans la vidéo, le député, qui est habillé de noir, lance un appel au président russe et à son homologue ukrainien : «Je veux m'adresser au président russe Vladimir Poutine et au président ukrainien Volodymyr Zelensky en leur demandant de m'échanger avec la partie ukrainienne contre des défenseurs de Marioupol et ses habitants.»
Zelensky se dit prêt à négocier un échange, le Kremlin reste dubitatif
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait fait savoir le 13 avril qu'il était prêt à échanger Viktor Medvedtchouk contre des prisonniers de guerre ukrainiens. «Je propose à la Fédération de Russie d'échanger [Medvedtchouk] contre nos compatriotes qui sont en captivité en Russie», a-t-il déclaré dans une allocution vidéo.
Une proposition qui a surpris du côté du Kremlin, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov rappelant le même jour que Viktor Medvedtchouk n’est pas un citoyen russe : «C’est un homme politique étranger. Nous ne savons pas du tout s’il souhaite lui-même que la Russie soit impliquée dans la résolution de cette situation [infamante] pour lui», avait-il déclaré lors d'une conférence de presse téléphonique.
En mai 2021, Viktor Medvedtchouk avait été accusé par Kiev de haute trahison et de «violation des lois et coutumes de la guerre». Il avait été placé en résidence surveillée, une mesure qui a depuis été prolongée à plusieurs reprises. D'autres charges ont été retenues contre le chef de l'opposition en octobre 2021, à savoir une autre accusation de trahison d'Etat et d'assistance à des activités terroristes.
Selon les enquêteurs ukrainiens, il a été impliqué dans des livraisons de charbon provenant de zones du Donbass fin 2014 – début 2015, pour une valeur d'environ 7,6 millions de dollars. De son côté, Viktor Medvedtchouk a dénoncé toutes les accusations comme étant politiquement motivées et non fondées.
Le 27 février dernier, l'avocate du député a déclaré que celui-ci avait quitté son domicile de Kiev, où il était assigné à résidence, craignant pour sa vie face aux menaces de groupes nationalistes. Toutefois, selon elle, il était resté dans la capitale ukrainienne. Le 18 mars, un tribunal ukrainien a condamné l'opposant par contumace et l'a inscrit sur la liste des personnes recherchées.
Le parti de Viktor Medvedtchouk Plateforme d'opposition-Pour la vie compte 44 élus sur 450 à la Rada, le Parlement ukrainien. C'est le principal parti parmi les 11 partis politiques dont les activités ont été suspendues en vertu de la loi martiale en Ukraine, le 20 mars dernier, en raison de leurs liens présumés avec la Russie. Viktor Medvedtchouk est accusé entre autres d'entretenir des relations amicales avec Vladimir Poutine qui serait, selon ses dires, le parrain de sa fille.