Selon un premier bilan, plus de 150 Palestiniens auraient été blessés le 15 avril lors d'affrontements sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem. «153 blessés Palestiniens ont été transférés» dans des hôpitaux de Jérusalem et des «dizaines» d'autres ont été traités sur le site, a fait savoir le Croissant-Rouge palestinien à propos de ces violences dans la Vieille ville de Jérusalem, située dans un secteur occupé depuis 1967 par Israël.
De son côté, la police israélienne a fait état d'au moins trois blessés dans ses rangs lors des heurts. Et environ 400 personnes ont été arrêtées, selon le Club des prisonniers palestiniens, une ONG de défense des détenus.
Troisième lieu saint de l'islam, l'Esplanade des Mosquées –nommée aussi Mont du Temple par les juifs – est située dans la Vieille ville à Jérusalem-Est, théâtre de nombreux affrontements violents entre policiers israéliens et manifestants palestiniens.
Tôt le 15 avril, des témoins avaient fait état de jets de pierres, lancées par des Palestiniens, et de tirs de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes de la part de policiers israéliens.
Vers 4h du matin, «des dizaines de jeunes émeutiers masqués», certains s'affichant avec des drapeaux du mouvement islamiste armé Hamas, ont entamé une «procession» sur l'Esplanade des Mosquées, et lancé des pierres en direction du Mur des Lamentations adjacent, plus important lieu de prière de la tradition juive, selon la police israélienne, qui dit être intervenue pour «rétablir l'ordre».
De son côté, Omar al-Kiswani, directeur de la mosquée al-Aqsa, située sur l'esplanade, a fait état d'un deuxième incident survenu le matin impliquant une intervention de la police israélienne à l'intérieur même de ce lieu de culte. «L'occupation [nom donné à Israël par des Palestiniens] sait que la mosquée al-Aqsa est une ligne rouge à ne pas franchir», a-t-il déclaré à l'AFP.
Ces affrontements sur l'Esplanade des Mosquées sont les premiers cette année depuis le début du ramadan, période de grands rassemblements pour les musulmans sur ce lieu sacré au cœur du conflit israélo-palestinien.
Lors du ramadan en 2021, des manifestations nocturnes à Jérusalem et des heurts sur l'esplanade s'étaient mués en 11 jours de guerre entre le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et Israël.
Une confrontation qui pourrait nuire tant aux juifs qu'aux musulmans ?
Le médiateur de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, s'est dit «fortement préoccupé» par la «détérioration» de la sécurité à Jérusalem, appelant «à une désescalade immédiate [afin] d'éviter de nouvelles provocations par des radicaux».
«Nous n'avons aucun intérêt à ce que le Mont du Temple devienne le centre de violences. Cela nuirait à la fois aux musulmans sur place et aux juifs au Mur des Lamentations», a commenté le ministre israélien de la sécurité publique Omer Bar-Lev, membre de la coalition hétéroclite (gauche, droite, centre, arabe) du Premier ministre Naftali Bennett qui a perdu la semaine dernière sa majorité au Parlement avec le départ d'une députée de droite.
Peu avant le début du mois du ramadan, le 2 avril, de hauts responsables d'Israël et de Jordanie – le premier pays contrôlant l'accès à l'Esplanade des Mosquées, le second administrant ce lieu saint musulman – ont multiplié les contacts afin d'éviter de nouveaux heurts sur place pendant le mois sacré.
Ces affrontements sur l'Esplanade des Mosquées, qui coïncident cette année avec le début des célébrations chrétienne de Pâques et juive de Pessah, s'ajoutent à des semaines de tensions en Israël et en Cisjordanie occupée.
Depuis le 22 mars, Israël a été frappé par quatre attaques, les deux premières menées par des Arabes israéliens liés à l'organisation djihadiste de l'Etat islamique, et dont les trois auteurs ont été tués par les forces israéliennes. Deux autres attaques ont été perpétrées dans la région de la métropole Tel-Aviv par des Palestiniens originaires du secteur de Jénine, en Cisjordanie.
Ces attaques ont fait 14 morts en Israël. En outre, 22 Palestiniens, dont des assaillants, ont été tués depuis cette date dans des violences, liées notamment à des «opérations de contre-terrorisme» en Cisjordanie, selon un décompte de l'AFP.